Le géant allemand Bosch traverse l’une des périodes les plus délicates de son histoire. Face à un écart de coûts estimé à 2,5 milliards d’euros par an, l’équipementier automobile annonce un nouveau plan de restructuration d’ampleur mondiale, qui se traduira par des milliers de suppressions d’emplois supplémentaires. Déjà fragilisé par la baisse de la demande automobile, le groupe entend réduire ses charges tout en misant sur l’intelligence artificielle et l’électromobilité. Mais derrière ces annonces se dessine déjà un choc social et économique aux lourdes conséquences pour l’industrie allemande et européenne.
⚠️ Un modèle économique fragilisé
Bosch a officialisé cette semaine un élargissement de son plan de restructuration pour tenter de combler un gouffre financier estimé à 2,5 milliards d’euros. Cette décision intervient après plusieurs annonces de coupes claires :
7 000 emplois supprimés en 2024 dans le monde,
puis 1 100 postes menacés en Allemagne dans la division Mobilité, d’ici 2029.
L’équipementier justifie cette nouvelle offensive sociale par des conditions de marché particulièrement tendues : une électromobilité plus lente que prévu, des retards dans la conduite automatisée et une pression accrue sur les prix à l’échelle mondiale. Dans un communiqué, le groupe reconnaît que sa division Mobilité ne devrait croître que de moins de 2 % en 2025, un chiffre jugé « bien en deçà des attentes ».
L’économiste Gregory Daco, interrogé par l’AFP, résume la situation :
Bosch paie le prix d’une transition industrielle mal synchronisée, entre investissements lourds et demande encore insuffisante.
🇩🇪 L’Allemagne et l’Europe en première ligne
Si Bosch n’a pas encore précisé la répartition géographique des suppressions de postes, l’Allemagne apparaît comme la grande perdante. Le pays, confronté à un marché automobile en berne et à des coûts salariaux élevés, a déjà perdu plus de 51 000 emplois dans le secteur en un an.
Les syndicats allemands redoutent une vague de licenciements qui viendrait fragiliser encore davantage une filière déjà en crise. Bosch, qui emploie 420 000 salariés dans le monde, évoque la nécessité de « gagner en productivité à moindre coût », notamment via une utilisation renforcée de l’intelligence artificielle pour automatiser certains processus.
Mais Bosch n’est pas un cas isolé. D’autres géants de l’équipement comme Continental, ZF ou Schaeffler sont eux aussi pris dans la tourmente, tout comme des constructeurs automobiles tels que Ford, qui vient d’annoncer jusqu’à 1 000 suppressions de postes à Cologne. L’ensemble de la filière subit de plein fouet la concurrence asiatique, la flambée des coûts énergétiques et la hausse des droits de douane américains.
👁️ L’œil de l’expert : un choc qui en dit long
La crise que traverse Bosch est symptomatique des mutations de l’industrie automobile mondiale. Entre la transition électrique, la pression de la concurrence chinoise et les tensions commerciales, les marges des équipementiers européens s’effondrent. Le plan choc annoncé par Bosch n’est qu’une pièce d’un puzzle plus large : celui de la désindustrialisation progressive de l’Europe si elle ne parvient pas à rester compétitive sur les technologies de demain.
En clair, Bosch illustre le dilemme de tout un secteur : réduire ses coûts à court terme pour survivre, tout en investissant massivement pour rester pertinent dans la mobilité du futur.