C’est une annonce qui marque un tournant dans la gestion des finances publiques françaises : le Service national universel (SNU) va être progressivement supprimé, a confirmé Sébastien Lecornu le vendredi 19 septembre. Conçu en 2019 sous l’impulsion d’Édouard Philippe et érigé en promesse de campagne par Emmanuel Macron en 2017, le programme n’a jamais trouvé son public ni sa viabilité économique. Dans un contexte de déficit budgétaire élevé, l’exécutif justifie cette décision par un objectif d’“État efficace” et annonce déjà un successeur : le service militaire volontaire.
❌ Des raisons économiques et politiques
Le SNU était pensé comme un marqueur de cohésion nationale et de transmission des valeurs républicaines. Pourtant, six ans après son lancement, le programme s’essoufflait, faute d’adhésion et surtout de moyens financiers.
Derrière cette suppression, l’objectif affiché par Matignon est clair : réduire les dépenses publiques. Le Premier ministre a ainsi annoncé la disparition de plusieurs délégations interministérielles. Parmi elles, la délégation générale en charge du SNU, officiellement supprimée au 1er janvier 2026.
La suppression est désormais le principe, le maintien l’exception
résume Sébastien Lecornu, insistant sur la nécessité de responsabiliser les dirigeants publics et de rendre l’administration « plus lisible, plus simple et plus efficace ».
L’annonce constitue également un virage politique : alors que Gabriel Attal avait encore confirmé, en janvier 2024, la généralisation du SNU à la rentrée 2026, Emmanuel Macron avait lui-même freiné quelques mois plus tard, évoquant une « grande refonte » du dispositif pour l’adapter aux « priorités de la Nation ».
🪖 Le retour d’un service militaire volontaire
La fin du SNU ne signe pas l’abandon total de l’idée d’un cadre de service collectif. L’exécutif mise désormais sur la création du service militaire volontaire, un dispositif jugé plus adapté aux besoins actuels de l’armée et aux attentes d’une partie de la population.
Selon un sondage du centre de réflexion Destin commun réalisé en mars 2025 pour Ouest-France, 61 % des Français se déclarent favorables au rétablissement d’une forme de service militaire obligatoire. Ce chiffre révèle un attachement fort à l’idée d’engagement national, même si le format SNU n’a pas convaincu.
Pour Sébastien Lecornu, l’enjeu est double : resserrer les dépenses publiques et répondre aux attentes sécuritaires dans un contexte géopolitique incertain. Après avoir limité les avantages financiers des anciens Premiers ministres, il poursuit sa stratégie de réduction des coûts et de rationalisation des structures de l’État.
👁️ L’œil de l’expert : un choix de symboles
La suppression du SNU illustre une tendance de fond : l’État cherche à optimiser chaque euro dépensé dans un contexte de finances publiques sous tension. Le choix de remplacer ce programme par un service militaire volontaire traduit une volonté de réorienter les ressources vers des dispositifs plus opérationnels et politiquement consensuels.
Pour les finances publiques, cette décision s’apparente à une mesure d’efficacité. Mais elle traduit aussi une réalité plus large : la France doit arbitrer entre symboles politiques coûteux et investissements stratégiques dans la défense, la cohésion sociale et l’éducation.