Alors que l’économie française cherche encore un second souffle, les derniers indicateurs publiés par l’Insee révèlent une conjoncture contrastée : si certaines branches d’activité montrent des signaux de résilience, l’emploi poursuit sa chute, atteignant en septembre son niveau le plus faible depuis 2015. Ces tendances opposées soulignent un décalage préoccupant entre climat des affaires et dynamique du marché du travail, avec des conséquences directes sur la compétitivité et la consommation intérieure.
📊 Un climat des affaires fragile
Selon l’Insee, l’indicateur de confiance des entreprises est resté stable à 96 points pour le quatrième mois consécutif, bien en dessous de sa moyenne de long terme fixée à 100.
Le climat des affaires demeure morose, malgré des améliorations ponctuelles dans certains secteurs
précise l’Institut national de la statistique. Services et commerce de gros apparaissent comme les deux poches de résistance. Dans les services, après trois mois de stagnation, le moral des chefs d’entreprise progresse à 98 (+2 points), avec un bond marqué dans l’information-communication. Le commerce de gros connaît également une embellie : l’indicateur gagne 1 point depuis juillet et 4 depuis mai, atteignant 98, son plus haut niveau depuis mars 2023.
En revanche, le commerce de détail et l’automobile souffrent davantage. Le climat retombe à 92 points, un plancher inédit depuis avril 2022, pénalisé par des ventes passées jugées insuffisantes et une anticipation négative de l’activité. Seule la réparation automobile parvient à tirer son épingle du jeu avec une légère amélioration.
Du côté du bâtiment, la situation reste quasi stable (98, +1 point). Les entrepreneurs se montrent plus confiants sur leur activité récente, mais beaucoup plus prudents sur leurs perspectives futures.
💼 Emploi : une détérioration persistante
Si le climat des affaires reste hésitant, celui de l’emploi s’effondre davantage. L’indicateur chute à 93 (-2 points), se maintenant sous sa moyenne de longue période depuis juillet 2024 et atteignant un plus bas depuis janvier 2015, hors crise sanitaire.
Cette dégradation trouve sa source principale dans les services, où les prévisions de recrutements reculent fortement. Un signal préoccupant, car le secteur représente une part essentielle de l’emploi salarié en France. Comme le résume l’Insee :
Cette nouvelle baisse résulte principalement de la contraction des effectifs prévus dans les services.
Dans l’industrie, le climat recule d’un point à 96. Les carnets de commandes s’allègent, les perspectives de production se réduisent, même si certains dirigeants affichent un regain de confiance sur leur propre trajectoire. L’image est donc celle d’une conjoncture en demi-teinte, où la prudence domine.
Cette contraction de l’emploi pose plusieurs risques :
un ralentissement de la consommation intérieure, déjà fragile dans un contexte inflationniste,
une perte de dynamisme du marché du travail, qui pourrait peser sur les recettes fiscales et sociales,
et à moyen terme, une pression accrue sur la compétitivité française face à ses voisins européens.
👁️ L’œil de l’expert
Le tableau dressé par l’Insee est clair : la confiance des entreprises peine à retrouver sa moyenne de long terme, et l’emploi subit une érosion continue. Les quelques rebonds observés dans certains secteurs ne suffisent pas à compenser la dégradation structurelle du marché du travail. Pour l’économiste, cela traduit un désalignement préoccupant entre activité et emploi : les entreprises investissent et produisent encore, mais hésitent à embaucher, signe d’une inquiétude persistante quant à la solidité de la croissance.
Si cette tendance devait perdurer, la France risquerait de se retrouver dans une situation paradoxale : une économie qui résiste en façade mais s’appauvrit en capital humain et en dynamisme social.
