Après une année 2025 déjà marquée par une flambée des cotisations, les complémentaires santé continueront à peser lourdement sur le portefeuille des assurés en 2026. Selon le baromètre du cabinet Addactis, relayé par l’AFP, les augmentations resteront significatives, oscillant entre 3,6 % et 9 % pour les contrats collectifs, et 3,4 % à 10 % pour les contrats individuels. Si la dynamique s’avère légèrement moins violente que l’an dernier, l’impact sur le pouvoir d’achat des salariés comme des retraités demeure préoccupant.
📊 Cotisations en hausse : un frein budgétaire structurel
Le rapport d’Addactis souligne que, pour 2026, la médiane des hausses attendues atteint 6,2 % pour les contrats collectifs et environ 5 % pour les contrats individuels. Les entreprises, déjà fragilisées par la progression continue des charges sociales, devront absorber une partie de ces coûts pour leurs salariés, tandis que les retraités et travailleurs indépendants verront directement leurs dépenses de santé s’alourdir.
Cette évolution résulte de plusieurs dynamiques :
Les hospitalisations représentent désormais un poste de remboursement en forte croissance.
Les consultations médicales, directement impactées par le passage du tarif à 30 €, renchérissent mécaniquement les prestations couvertes.
Les soins psychologiques, auxiliaires médicaux et équipements auditifs connaissent également une expansion notable.
À l’inverse, certains postes comme l’optique ou les analyses médicales restent relativement stables. Mais cette stabilisation ne suffit pas à compenser l’effet de ciseau budgétaire observé ailleurs. Comme le rappellent les analystes d’Addactis : « Cette décélération relative n’efface pas la réalité d’une charge persistante sur le budget des assurés ».
⛈ Incertitudes politiques et tensions fiscales
La tendance pourrait encore s’aggraver si les signaux politiques se concrétisent. Catherine Vautrin, ministre de la Santé et du Travail du gouvernement Bayrou, a à plusieurs reprises évoqué l’instauration d’une nouvelle taxe d’un milliard d’euros visant les assureurs. Une mesure qui, si elle se confirmait, aurait des répercussions directes sur les tarifs appliqués aux assurés.
Dans ce contexte mouvant, les projections divergent :
Addactis table sur une fourchette large allant jusqu’à +10 %.
Le cabinet Fact and Figures adopte une vision plus modérée, anticipant une hausse comprise entre 2,5 % et 3,5 % seulement.
Cette diversité d’estimations reflète un environnement instable où l’inflation médicale, les arbitrages gouvernementaux et les stratégies des assureurs s’entremêlent. Les experts interrogés insistent sur une « situation très incertaine en fin d’année 2025 », susceptible de rebattre les cartes pour 2026.
👁️ L’œil de l’expert : une situation intenable
L’inflation des complémentaires santé agit comme un impôt invisible : elle réduit le revenu disponible des ménages, fragilise la compétitivité des entreprises et pèse sur la consommation. Derrière les pourcentages annoncés se cache une équation délicate : comment contenir la progression des dépenses de santé sans accroître les inégalités d’accès aux soins ?
Pour les acteurs économiques, le dilemme est clair : soit l’État intervient pour réguler et compenser, au risque d’alourdir les finances publiques, soit les assureurs répercutent mécaniquement leurs charges, au détriment du pouvoir d’achat. Dans les deux cas, la santé reste un poste budgétaire explosif qui cristallisera les tensions sociales et économiques de 2026.