À Kigali, au Rwanda, Tadej Pogacar a de nouveau marqué l’histoire en conservant son maillot arc-en-ciel lors du Championnat du monde de cyclisme sur route 2025. Le Slovène, déjà star incontestée du peloton, s’est imposé en solitaire après une attaque fulgurante à plus de 100 kilomètres de l’arrivée, laissant derrière lui Remco Evenepoel et l’Irlandais Ben Healy. Mais derrière l’exploit sportif et la portée symbolique de cette première édition organisée en Afrique, un constat interpelle : les récompenses financières restent largement en retrait par rapport aux standards du sport mondial.
💶 Des primes loin des standards internationaux
La victoire de Pogacar, aussi prestigieuse soit-elle, ne lui rapporte que 8 000 €, une somme définie par l’Union Cycliste Internationale (UCI) depuis cinq ans sans revalorisation. Les mêmes primes depuis cinq ans qui traduisent une stagnation qui contraste avec l’inflation et la croissance économique observée ailleurs dans le sport.
La grille de répartition reste inchangée :
8 000 € pour le vainqueur,
4 000 € pour le deuxième,
2 000 € pour le troisième.
À titre de comparaison, le montant global des primes distribuées lors de cette édition rwandaise atteint 110 250 €, soit l’équivalent du salaire hebdomadaire d’un footballeur évoluant dans un grand club européen. Cette disproportion alimente un débat croissant sur la valorisation économique du cyclisme professionnel, pourtant discipline emblématique et vectrice d’audience mondiale.
🌍 Le paradoxe du cyclisme mondial : prestige et faibles dotations
Le contraste est saisissant entre la portée symbolique et sportive de ce championnat et le montant dérisoire des récompenses. Le succès de Pogacar, obtenu sous le maillot de l’UAE Team Emirates, survient dans un contexte où les sponsors privés investissent massivement dans les équipes, mais où l’UCI peine à adapter ses dotations aux réalités du marché.
Le maintien de cette enveloppe inchangée, malgré la mondialisation de l’épreuve et l’essor du cyclisme en Afrique, souligne les limites du modèle économique actuel. Comme l’explique l’UCI dans ses communiqués, la parité stricte entre épreuves masculines et féminines reste une avancée, mais la taille du gâteau à partager demeure minime.
Alors que le Tour de France distribue plusieurs millions d’euros en primes, le championnat du monde reste figé dans une logique budgétaire réduite, laissant les sponsors et contrats publicitaires comme principales sources de revenus pour les coureurs.
👁 L’œil de l’expert : un sport resté fragile
Le cas Pogacar illustre un paradoxe fondamental : un titre de prestige planétaire pour une rémunération symbolique. Le cyclisme mondial, dominé par le financement des équipes via des mécènes et sponsors, reste fragile dès lors que la redistribution institutionnelle est limitée.
Pour les coureurs, ces primes ne sont qu’un appoint, loin de constituer un véritable levier financier.
Pour l’UCI, la stagnation des dotations traduit une difficulté à capter et redistribuer la valeur générée par un sport dont l’audience est pourtant en croissance.
Pour les sponsors, ce décalage est une opportunité : la visibilité associée à un Pogacar champion du monde reste bien plus rentable que la prime elle-même.
En définitive, le triomphe de Kigali consacre une icône sportive mondiale, mais il révèle surtout la faiblesse structurelle des revenus institutionnels du cyclisme face à d’autres disciplines.