La patronne de Nexity, Véronique Bédague, tire la sonnette d’alarme sur le marché immobilier français. Sur le plateau de C à vous le 26 septembre, elle a dénoncé un secteur en forte tension, où la rentabilité locative s’érode et où la croissance des ventes est en berne. Selon elle, les politiques publiques successives, cumulées aux charges fiscales, transforment l’investissement immobilier en un placement de moins en moins attractif.
📉 Immobilier : un rendement en chute libre
Véronique Bédague ne mâche pas ses mots :
Plus aucun banquier ou agent immobilier ne vous conseillera d’acheter un appartement pour le louer à un étudiant ou à une famille
souligne-t-elle. La raison principale ? une rentabilité décroissante, plombée par :
Impôt sur le revenu,
Cotisations sociales,
Taxe foncière,
Des contraintes qui, cumulées, rendent l’investissement locatif « absolument pas compétitif par rapport à d’autres placements », insiste la PDG de Nexity.
Selon elle, l’impact de ces charges n’est pas seulement individuel : il freine l’ensemble du marché.
Quand vous prenez chaque politique publique séparément, vous dites ‘bien sûr, c’est une bonne idée’, mais l’accumulation rend les équations très compliquées
explique-t-elle, pointant une série de décisions gouvernementales qui, additionnées, rendent la location moins attractive pour les particuliers et les investisseurs institutionnels. Cette baisse de rentabilité se traduit concrètement sur les ventes :
Nous avons vendu 90 biens par semaine le mois dernier, ça pouvait être le double avant, c’était plus du double en 2019
déplore Véronique Bédague, illustrant la contraction progressive du marché.
⏳ Secteur au ralenti sombres perspectives
Pour la dirigeante, la crise n’est pas pour demain mais bien prévisible dans trois ans. Elle avertit :
Aujourd’hui, ce sont les promoteurs immobiliers qui protestent, mais la crise immobilière est dans trois ans.
Selon elle, le marché immobilier agit par cycles, et « l’avantage du logement est que vous voyez les choses arriver de loin ». Cette anticipation est cruciale pour les investisseurs et acteurs du secteur. Avec la montée des coûts et la stagnation des ventes, les promoteurs doivent repenser leur modèle économique pour limiter l’impact financier de cette contraction.
Sur le plan politique, la patronne de Nexity reste critique :
Le Premier ministre dit qu’il faut s’occuper des problèmes des Français, mais il ne parle pas du logement
regrettant que le sujet soit absent des discussions gouvernementales alors qu’il touche directement le pouvoir d’achat et la mobilité sociale. Pour Bédague, l’immobilier n’est donc plus seulement un enjeu économique, mais un véritable indicateur de tensions structurelles, avec des conséquences directes sur l’emploi, l’investissement privé et la dynamique des villes françaises.
👁 L’œil de l’expert : une phase dangereuse
La situation décrite par Véronique Bédague révèle une fragilité financière du marché immobilier français. Le cumul des charges fiscales et des contraintes réglementaires réduit la rentabilité des placements locatifs, tandis que la stagnation des ventes préfigure une correction à moyen terme.
Les investisseurs institutionnels risquent de se détourner du marché résidentiel, préférant des placements plus liquides et rentables.
Les promoteurs immobiliers devront adapter leurs stratégies, soit en réduisant le volume de construction, soit en ciblant des projets à forte valeur ajoutée.
Enfin, l’État pourrait être confronté à une tension sociale si l’accès au logement continue de se dégrader, avec des loyers qui stagnent pour certains et explosent pour d’autres, accentuant les inégalités territoriales.
En résumé, le secteur immobilier français, longtemps considéré comme un refuge sûr, entre dans une phase de vulnérabilité économique et financière, et les prochains trois ans pourraient transformer durablement le marché.