Le parc automobile français vieillit à grande vitesse : en 2025, l’âge moyen des véhicules atteint 15 ans, contre 11,5 ans il y a une quinzaine d’années, selon le Service des données et statistiques (Sdes). Cette évolution traduit une tendance forte : les Français préfèrent entretenir leurs voitures existantes plutôt que de se tourner vers le neuf. Au-delà de l’aspect pratique, cette dynamique a des conséquences économiques et financières majeures pour les ménages, le marché de l’occasion et le secteur de l’entretien automobile.
🔧 Un choix économique assumé
Le vieillissement du parc s’accompagne d’une hausse significative des réparations coûteuses. Gérald Sgobbo, vice-président de la Fédération nationale de l’Automobile (FNA) observe :
C’est une tendance que l’on a vue se développer depuis les quatre dernières années de façon quasi exponentielle.
Dans les ateliers, les véhicules anciens nécessitent régulièrement des interventions dépassant parfois 4 000 euros, souvent non couvertes par les assurances, mais jugées indispensables pour passer le contrôle technique. Certaines dépenses atteignent même la valeur du véhicule.
Cette stratégie économique n’est pas uniquement dictée par la valeur sentimentale : l’accès à un véhicule d’occasion récent reste difficile. Sur le marché, les voitures d’occasion sont très sollicitées, avec un budget compris entre 3 000 et 5 000 euros souvent insuffisant pour acquérir un modèle récent.
Les modèles diesel sont particulièrement concernés : leur âge moyen atteint 13,5 ans, tandis que les véhicules affichant plus de 250 000 km connaissent une hausse de 25 % des recherches sur Leboncoin en cinq ans. Des modèles comme la Peugeot 206 et 307 sont prisés pour leur fiabilité et leur coût abordable.
Gérald Sgobbo explique également les facteurs économiques et réglementaires qui freinent l’achat de véhicules neufs :
Les consommateurs privilégient la prudence, misant sur des véhicules dont ils connaissent l’historique et la fiabilité, malgré des frais d’entretien croissants et un contexte de mutation du secteur automobile.
Malgré les incitations gouvernementales pour la transition vers l’électrique — bonus écologique, leasing social — l’électrification n’a pas encore transformé le marché français. Les ménages continuent de maximiser la durée de vie de leurs véhicules pour amortir les coûts et maintenir leur mobilité à moindre frais, ce qui influe directement sur les revenus des garages, le marché de l’occasion et la demande pour le neuf.
👁️ L’œil de l’expert : un marché en mutation
Le vieillissement du parc automobile français révèle une logique financière prudente : les ménages arbitrent entre dépenses d’entretien élevées et coûts d’achat de véhicules neufs ou électriques. Pour le secteur automobile, cela implique un marché de l’occasion dynamique, une hausse de l’activité des garages et un retard potentiel dans la transition énergétique.
La France fait face à un paradoxe économique : encourager le renouvellement du parc tout en supportant le coût élevé des véhicules modernes et électriques. La gestion de l’ancien devient donc un levier stratégique pour les ménages et les professionnels du secteur.
