Après deux années de repli, le marché du crédit immobilier reprend enfin de la vigueur. Selon le dernier rapport Crédits aux particuliers – août 2025 publié par la Banque de France, la production de nouveaux prêts retrouve un niveau proche de celui d’avant la crise de 2023. Une embellie soutenue par la stabilisation des taux autour de 3 %, un environnement bancaire plus souple et surtout… un acteur-clé : les primo-accédants, redevenus le moteur du marché.
📈 Une production de crédits en voie de normalisation
Après une période de forte contraction entre 2023 et 2024, la production mensuelle de crédits à l’habitat atteint désormais 12,2 milliards d’euros, un niveau comparable à celui d’avant la crise. D’après la Banque de France, « la production de crédits confirme sa reprise et leur taux moyen se stabilise un peu au-dessus de 3 % ». Cette accalmie des taux, amorcée après le pic observé en 2024, redonne confiance aux ménages comme aux établissements bancaires.
Les prêts immobiliers s’étalent désormais sur 23 ans en moyenne, permettant d’amortir la hausse du coût de l’argent depuis 2022. Si la croissance annuelle des encours reste modeste (+0,2 %), elle témoigne d’une reprise progressive mais solide. Cette phase de normalisation s’appuie également sur un climat économique plus prévisible et sur un assouplissement prudent des conditions de crédit, alors que les banques cherchent à renouer avec une activité soutenue sans compromettre la stabilité financière.
Cette tendance reflète la fin d’un cycle de resserrement monétaire et le retour à un équilibre entre offre et demande. Dans un contexte où l’accès au financement redevenait un frein majeur pour les ménages, cette stabilisation apparaît comme un signal de confiance pour l’ensemble du marché immobilier français.
🧭 Les primo-accédants, levier de la reprise
Mais la donnée la plus marquante du rapport réside ailleurs : 52 % des nouveaux crédits à l’habitat sont désormais contractés par des ménages primo-accédants, selon la Banque de France. Autrement dit, plus d’un crédit immobilier sur deux est aujourd’hui porté par ceux qui accèdent pour la première fois à la propriété.
Cette évolution traduit un retour progressif de la demande solvable, après plusieurs trimestres d’attentisme. Grâce à la stabilisation des prix immobiliers et à la baisse légère des taux, les primo-accédants retrouvent une marge de manœuvre budgétaire. La durée moyenne de leurs prêts atteint 23 ans et 8 mois, légèrement supérieure à la moyenne nationale — un signe que les ménages cherchent à lisser leurs mensualités tout en respectant les seuils d’endettement fixés par le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF).
Si ces nouveaux entrants stimulent la reprise, les investisseurs et acheteurs secondaires restent quant à eux plus prudents, freinés par un accès au crédit encore sélectif et des rendements immobiliers comprimés. Ce rééquilibrage du marché, dominé par la primo-accession, illustre un changement de cycle profond : la croissance ne viendra plus des volumes spéculatifs, mais du retour progressif des ménages modestes et moyens vers la propriété.
👁️ L’œil de l’expert : retour de la confiance ?
Pour les économistes, cette dynamique incarne un tournant structurel du marché immobilier français. La confiance revient, mais la reprise reste fragile : elle repose essentiellement sur les primo-accédants, eux-mêmes sensibles à la moindre variation de taux ou d’emploi.
En clair, la reconstruction du crédit immobilier est en marche, mais son équilibre demeure précaire. Si la tendance se confirme, la France pourrait renouer d’ici 2026 avec un marché du financement stable, tiré par une demande réelle et encadrée — une reprise saine et durable, loin des excès du passé