L’action Kering brille à nouveau. En quelques mois, le groupe français du luxe, propriétaire de Gucci, Balenciaga et Saint Laurent, a vu sa valeur boursière s’envoler. Depuis avril 2025, le titre a bondi de 100 %, une performance exceptionnelle portée par la nouvelle stratégie impulsée par Luca de Meo, ex-patron de Renault. Son arrivée a ravivé la confiance des marchés et déclenché un véritable “effet de marque” sur un secteur du luxe en quête de renouveau.
🚀 Sous le signe de la confiance
Le 15 juin 2025 marque un tournant majeur pour Kering. L’annonce de Luca de Meo à la tête du groupe agit comme un électrochoc : en moins de quatre mois, le titre a progressé de près de 70 %, dopé par une vague d’optimisme des investisseurs. “L’histoire est en train de changer”, souligne un analyste cité par Morgan Stanley, qui vient de relever sa recommandation sur Kering à “surpondérer”.
La confiance des marchés repose sur une double dynamique : restructuration stratégique et relance créative. Les réformes initiées par de Meo misent sur la montée en gamme des marques, un marketing plus audacieux et une meilleure exploitation du digital. Dans son dernier rapport, Morgan Stanley estime que “dans le luxe, l’offre peut désormais créer sa propre demande” — autrement dit, la créativité peut redevenir le moteur de la croissance.
La Bourse ne s’y trompe pas : le PER 2025 de Kering atteint 53,1, supérieur à celui d’Hermès (49,2), une première depuis plusieurs années. Ce ratio traduit des anticipations de rentabilité élevées, malgré un contexte économique mondial plus incertain.
👜 Gucci, pilier du renouveau de Kering
Si la valorisation de Kering flambe, c’est avant tout grâce au retour attendu de Gucci, son vaisseau amiral, qui représente 50 % du chiffre d’affaires et près des deux tiers du résultat opérationnel du groupe. Après une période de stagnation, la marque italienne bénéficie aujourd’hui d’un repositionnement majeur, sous l’impulsion de Demna, ancien directeur artistique de Balenciaga, désormais chargé de réinventer l’identité créative de Gucci.
Les investisseurs attendent des signes tangibles de reprise, mais le marché “achète déjà l’histoire”, commente un expert du luxe parisien. Cette anticipation boursière s’explique par le pari sur la créativité : de nouvelles collections, plus audacieuses, visent à reconnecter la marque à une clientèle jeune et internationale, tout en renforçant sa désirabilité sur le segment ultra-premium.
Cependant, le défi reste colossal : dans un marché du luxe plus sélectif et sensible à la conjoncture, séduire les analystes ne suffit plus — il faut reconquérir le consommateur. Les prochains résultats trimestriels diront si la stratégie de Luca de Meo transforme l’essai ou si la flambée boursière repose sur une bulle de confiance.
👁️ L’œil de l’expert
L’arrivée de Luca de Meo marque une réinvention du modèle Kering, plus inspirée par l’agilité industrielle que par la tradition du luxe. Cette hybridation entre management “automobile” et culture créative semble, pour l’instant, séduire les marchés. Mais la valorisation élevée du titre pourrait devenir fragile sans un rebond rapide des ventes réelles. À court terme, le risque est celui d’un décalage entre perception financière et performance commerciale.
Si Gucci confirme sa relance, Kering pourrait redevenir l’un des moteurs du luxe européen. Sinon, la flambée actuelle pourrait n’être qu’un mirage boursier.
