Les faillites repartent à la hausse en France. Selon le dernier baromètre du cabinet Altares, les défaillances d’entreprises ont bondi de 5,2 % sur un an au troisième trimestre 2025, atteignant un niveau inédit depuis la crise de 2009. Rien que sur le mois de septembre, plus de 6 800 entreprises ont cessé leur activité, marquant un véritable choc de rentrée pour le tissu économique. Pourtant, au milieu de cette tempête, quelques signaux d’espoir commencent à émerger pour 2026.
🏭 TPE et PME en première ligne
Entre juillet et septembre 2025, 14 371 défaillances ont été recensées en France, selon les données publiées par Altares. Le directeur des études, Thierry Millon, évoque dans le rapport « un record estival » et une rentrée « d’une intensité qu’on n’avait plus connue depuis 2009 ».
La situation est particulièrement préoccupante pour les TPE et PME, maillons essentiels de l’économie française. Les très petites entreprises de plus de cinq salariés enregistrent une hausse de 9 % des défaillances, tandis que les PME de 10 à 19 salariés connaissent une augmentation de 13 %. Ces structures, déjà fragilisées par l’érosion de leur trésorerie et la pression des coûts, subissent de plein fouet la hausse des taux d’intérêt et la baisse de la demande.
Les entreprises industrielles, en particulier celles du secteur manufacturier, sont lourdement touchées : +17 % de défaillances en un an. Le secteur des services aux entreprises n’est pas épargné non plus, avec une hausse de +9 %. Dans l’ensemble, 50 700 entreprises ont fait défaut depuis janvier, soit 1 600 de plus que sur la même période de 2024.
Les conséquences sociales sont également importantes : 46 entreprises de plus de 100 salariés ont déposé le bilan, mettant en péril 10 000 emplois directs. Ce phénomène illustre la tension croissante entre hausse des coûts fixes et faible rentabilité opérationnelle, un cocktail explosif pour les structures intermédiaires.
Le mois de septembre a refroidi les espoirs d’un retournement, l’économie française est plongée dans un épais brouillard
souligne Thierry Millon, ajoutant que la dynamique de reprise reste « fragile et très hétérogène selon les secteurs ».
💡 Vers une accalmie en 2026 ? Les signaux faibles d’un redressement
Malgré la sévérité de la situation, Altares entrevoit une amélioration progressive à partir de l’année prochaine. En effet, plusieurs indicateurs macroéconomiques laissent entrevoir une stabilisation du climat des affaires, notamment dans les services, le tourisme et l’aéronautique.
Les politiques publiques de soutien à la trésorerie et les dispositifs de restructuration de dettes mis en place depuis le printemps commencent à produire leurs effets. Les banques se montrent également plus souples dans les renégociations de prêts, tandis que les investisseurs institutionnels réévaluent positivement le potentiel des PME innovantes.
En parallèle, la désinflation amorcée depuis le second semestre redonne un peu d’air aux entreprises sur le plan des coûts de production et de la consommation. Si le ralentissement de l’économie mondiale reste une menace, la France bénéficie d’un effet de rattrapage post-électoral et d’un redressement graduel de la confiance des ménages.
Les experts d’Altares notent enfin que certains secteurs, comme la transition énergétique et la numérisation des services, continuent de créer de la valeur et d’attirer des financements. Ces niches d’activité pourraient devenir les nouveaux moteurs de croissance pour les PME françaises dès 2026.
👁️ L’œil de l’expert
L’économie française traverse une phase de consolidation après deux années de turbulences financières et de tensions politiques. L’explosion des défaillances n’est pas un simple indicateur conjoncturel : elle traduit un réajustement structurel du tissu entrepreneurial.
À court terme, la situation reste préoccupante pour les TPE-PME, souvent sous-capitalisées et vulnérables aux variations de trésorerie. Mais à moyen terme, cette crise pourrait avoir un effet purgatif : elle favorise l’émergence d’entreprises plus solides, mieux capitalisées et plus orientées vers les marchés d’avenir (énergie verte, technologies, services numériques).
En résumé, 2025 restera une année de tension, mais 2026 pourrait amorcer le retour d’une croissance plus qualitative. Pour cela, il faudra une coordination renforcée entre banques, pouvoirs publics et investisseurs privés, afin de soutenir la transformation structurelle du tissu productif français.
