Une menace qui plane sur la signature française. La France retient son souffle avant le verdict de Moody’s, attendu le 24 octobre. Selon Daniel Baal, président de la Fédération bancaire française (FBF) et directeur général du Crédit Mutuel, l’agence américaine pourrait suivre l’exemple de Fitch et abaisser la note de la dette souveraine française.
« On peut s’attendre à une dégradation de la note souveraine de la France par Moody’s », a-t-il déclaré sur le plateau de BFM Business, soulignant une situation budgétaire devenue “très inquiétante”.
Cette perspective ne serait pas sans conséquences : un abaissement de la note signifierait un renchérissement du coût de financement pour l’État… et, par ricochet, pour les ménages et les entreprises.
⚠️ Budget sous tension, marchés nerveux
Depuis plusieurs mois, les signaux d’alerte se multiplient. Après Fitch, qui a dégradé la note française à A+ le 12 septembre, Moody’s pourrait à son tour sanctionner l’Hexagone, actuellement noté Aa3, soit l’équivalent d’un 17/20.
Le motif ? Une dette publique supérieure à 110 % du PIB, des déficits persistants et une instabilité politique qui fragilise la crédibilité budgétaire du pays.
Selon Daniel Baal, cette situation pourrait pousser les établissements bancaires à emprunter plus cher sur les marchés : “Ce qui n’est pas une bonne nouvelle, car les taux appliqués aux clients pourraient eux aussi grimper.” Les banques devront en effet préserver leurs marges financières, déjà compressées par la hausse des coûts de refinancement.
En parallèle, le gouvernement Lecornu tente de boucler un budget 2026 sous haute tension, dans un contexte de crise politique inédite et de faible croissance. Même si l’exécutif a échappé de peu à une motion de censure, la crédibilité de sa trajectoire budgétaire reste mise à l’épreuve.
Les investisseurs, eux, scrutent les signaux de stabilité : une note abaissée signifierait des obligations françaises plus risquées, donc plus coûteuses à placer. En d’autres termes, la France paierait plus cher pour financer sa dette — une spirale potentiellement inflationniste et défavorable à l’investissement privé.
↪️ Des répercussions directes sur le crédit
Pour les banques, la conséquence d’une telle dégradation serait avant tout financière. Une hausse des taux interbancaires pourrait mécaniquement se traduire par un renchérissement du crédit pour les particuliers comme pour les entreprises.
Même si Daniel Baal se veut rassurant — « l’effet serait limité », nuance-t-il — la tendance reste claire : chaque dégradation augmente la prime de risque sur la dette française, et donc le coût global du capital.
Cette mécanique, déjà visible après la décision de Fitch, pourrait s’amplifier si Moody’s abaisse la note à son tour. Les conséquences sur le crédit immobilier, le financement des PME et même le rachat de dettes souveraines seraient alors tangibles.
Selon les économistes, cette tension sur le coût de l’argent pourrait freiner la relance de la production de crédit en 2026, déjà malmenée par des taux directeurs élevés et une consommation encore hésitante.
👁️ L’œil de l’expert
Une sanction prévisible, mais surtout symbolique. La possible dégradation de la France par Moody’s ne serait pas un choc immédiat, mais un signal fort envoyé aux marchés : celui d’un pays en déséquilibre budgétaire chronique, qui peine à restaurer la confiance dans ses finances publiques.
À court terme, l’impact sur les taux des crédits restera contenu. Mais à moyen terme, cette situation pourrait accentuer la fragmentation financière de la zone euro, en isolant les pays les plus fragiles face à la rigueur monétaire de la BCE.
La France entre ainsi dans une zone de turbulence : chaque point de confiance perdu se traduit par des millions d’euros supplémentaires en charge d’intérêts. Et dans un contexte où la dépense publique ne faiblit pas, la question n’est plus seulement économique — elle devient politique et structurelle.