Contre toute attente, la croissance française s’affiche en nette accélération au troisième trimestre 2025. Alors que l’Insee tablait sur une hausse modérée du PIB de 0,3 %, la progression réelle atteint 0,5 %, un niveau supérieur aux prévisions les plus optimistes. Dans un contexte marqué par les incertitudes politiques et un environnement international tendu, cette embellie conforte la résilience de l’économie française. Pour Roland Lescure, ministre de l’Économie, il s’agit d’« une performance remarquable », portée par la vitalité des entreprises hexagonales.
⚙️ Les moteurs cachés du rebond économique
Derrière cette croissance plus robuste qu’anticipée se cache une combinaison de facteurs économiques favorables, au premier rang desquels le redressement du commerce extérieur. Entre juillet et septembre, les exportations françaises ont bondi, notamment dans l’aéronautique, tandis que les importations reculaient. Résultat : une contribution nette du commerce extérieur de +0,9 point au PIB, un chiffre rarement observé depuis plusieurs années.
Les entreprises françaises ont aussi joué un rôle moteur. Leurs investissements progressent de 0,9 %, confirmant la confiance retrouvée du tissu productif malgré la volatilité du climat politique. À l’inverse, les investissements des ménages reculent de 0,4 %, freinés par la hausse des taux d’intérêt et la prudence liée au marché immobilier. Quant à la consommation des ménages, elle stagne (+0,1 %), la baisse de la consommation alimentaire étant compensée par un rebond de la consommation d’énergie.
Cette solidité macroéconomique contraste avec le tumulte politique intérieur. Le budget 2026 reste âprement débattu dans une Assemblée nationale sans majorité, tiraillée entre contraintes budgétaires et demandes sociales. Le ministre Roland Lescure en appelle à la responsabilité collective : « L’adoption rapide d’un budget qui préserve la confiance des entreprises et des ménages sera capitale pour maintenir cet élan ».
Sur le plan global, cette surprise positive porte l’acquis de croissance à 0,8 % fin septembre, ce qui signifie que la France pourrait dépasser la prévision gouvernementale de 0,7 % pour 2025. Bercy peut donc entrevoir une fin d’année mieux orientée que celle de la zone euro, où l’Allemagne reste freinée par la stagnation industrielle.
👁️ L’œil de l’expert : un rebond à consolider
Pour les économistes, cette performance met en lumière une France capable de tirer parti de ses secteurs d’excellence, mais encore dépendante de moteurs fragiles. Le commerce extérieur et l’investissement des entreprises soutiennent la dynamique, mais la demande intérieure reste atone.
Selon plusieurs analystes, la clé réside désormais dans la stabilité politique et budgétaire. Si le gouvernement parvient à rassurer sur le plan fiscal et à maintenir la confiance, le pays pourrait atteindre 1 % de croissance annuelle — un niveau supérieur à la moyenne européenne.
Cependant, la prudence s’impose : une dégradation du climat social ou un durcissement des conditions de crédit pourrait rapidement enrayer cette progression.
En somme, la France démontre qu’elle sait surprendre par sa résistance, mais la véritable question reste celle de la durabilité du rebond. Et si la croissance du moment est déjà une victoire, elle pourrait aussi être éphémère, sans véritable réforme structurelle et stabilité politique.





