Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS 2026) ouvre un nouveau chapitre de rigueur budgétaire : à l’Assemblée nationale dès cette semaine, l’examen s’attache à concilier l’incertitude démographique, l’explosion des dépenses de santé et la nécessité de redresser les comptes sociaux. Face à un système sous tension, l’exécutif présente une série de mesures choc — retraite suspendue, franchises médicales augmentées, contributions sur les avantages sociaux — qui visent à stabiliser l’équilibre des comptes.
⚙️ Priorité à la maîtrise budgétaire
Dans cette partie du PLFSS, les recettes et les prestations sociales sont directement impactées. Le gouvernement table sur un déficit ramené à 17,5 milliards d’euros en 2026, contre 23 milliards en 2025. Pour y parvenir, plusieurs leviers sont activés :
Suspension temporaire de la hausse de l’âge légal de départ en retraite : point d’orgue, le passage à 64 ans est reporté, tandis que le nombre de trimestres reste bloqué à 170 jusqu’à l’élection présidentielle de 2027.
Contribution élargie aux « compléments de salaire » : tickets-restaurant, chèques-vacances et autres avantages sociaux seront soumis à une contribution patronale de 8 %. Objectif : mieux aligner ces avantages sur d’autres formes de rémunération et dégager de nouvelles ressources.
Pour la branche santé, la contribution des organismes complémentaires est portée à 2,25 % de leur masse, afin de mieux répartir la charge entre assurance maladie et complémentaires.
Ces mesures témoignent d’un tournant : le financement de la protection sociale ne repose plus uniquement sur les cotisations classiques, mais s’appuie davantage sur la fiscalité et les contributions aux avantages sociaux.
🏥 Recadrer les dépenses de santé
Le deuxième volet du projet s’attaque de front aux dépenses, principalement dans la branche maladie. Les principales mesures sont :
Doublement des franchises et participations forfaitaires : les restes à charge liés aux médicaments et aux actes (boîtes de médicaments, transports sanitaires, actes paramédicaux) passent respectivement de 1 à 2 €/unité et de 4 à 8 €, avec un plafonnement annuel évoluant de 50 à 100 €. Le gouvernement table sur un gain de 2,3 milliards d’euros.
Limitation des arrêts maladie initiaux : dans les secteurs de médecine de ville et hospitalière, les arrêts touchant à des traitements courants seront confinés à 15 jours ou un mois, avant renvoi vers des renouvellements contrôlés.
Recadrage des affections de longue durée (ALD) non exonérantes : les assurés ne bénéficieront plus d’un plafond de 1 095 jours sur trois ans, mais d’un nouveau plafond limité à 360 jours.
Gel très marqué de l’évolution des dépenses d’assurance maladie : la hausse est limitée à +1,6 %, impliquant 7,1 milliards d’euros d’économies nécessaires.
L’objectif est clair : ralentir l’augmentation du coût de la santé pour l’assurance maladie, qui reste le cœur du déséquilibre structurel des comptes sociaux.
👁️ L’œil de l’expert : l’heure aux sacrifices
C’est bien une philosophie de protection sociale qui se redéfinit : moins d’automaticité, plus de contrôle, et un financement davantage étayé sur les contributions et la responsabilisation individuelle. Pour les acteurs économiques, les assureurs et les entreprises, la période qui s’ouvre implique une vigilance accrue : dans un contexte où croissance et effectifs se ralentissent, le moindre déséquilibre pourrait peser lourd sur la compétitivité nationale.





