C’est une petite révolution fiscale saluée par tout le secteur immobilier. L’Assemblée nationale a adopté un amendement autorisant les donations jusqu’à 100.000 euros sans impôt pour financer l’achat d’un logement ancien. Défendu par Guillaume Kasbarian, ancien ministre du Logement, ce dispositif vise à soutenir les primo-accédants dans un contexte de crédit encore tendu et de prix toujours élevés.
Invité sur BFM Business, Charles Marinakis, président de Century 21 France, n’a pas caché son enthousiasme :
« C’est une très bonne nouvelle pour les primo-accédants, car cette mesure va enfin leur permettre de redevenir solvables »
a-t-il affirmé. Derrière cette exonération, une ambition claire : stimuler la mobilité résidentielle et relancer la demande dans le marché de l’ancien, souvent pénalisé par la hausse des taux d’intérêt. L’abattement, temporaire, s’appliquera aux donations familiales (parents, grands-parents, arrière-grands-parents) destinées à l’achat ou à la construction d’une résidence principale.
💸 Un puissant levier pour redynamiser le marché
En étendant ce dispositif — jusque-là réservé au neuf — au parc ancien, le gouvernement envoie un signal fort aux ménages et au secteur immobilier.
Si une famille peut donner jusqu’à 100.000 euros sans droits de succession, cela augmente mécaniquement l’apport personnel et réduit la charge d’emprunt
rappelle Charles Marinakis sur BFM Business. Concrètement, avec des taux de crédit oscillant entre 3,2 % et 3,5 %, cet apport supplémentaire permettra à de nombreux acheteurs de retrouver des mensualités compatibles avec leurs revenus.
Selon Century 21, la mesure devrait tonifier un marché qui s’est « naturellement rééquilibré depuis 18 mois », mais reste freiné par une solvabilité en berne.
Si cette réforme fiscale réjouit les acteurs du logement, la transformation de l’IFI (Impôt sur la Fortune Immobilière) en impôt sur la fortune improductive suscite en revanche de fortes réserves.
Est-ce que si j’investis dans un appartement et que je le loue, c’est improductif ?
interroge Marinakis, sceptique face à un concept qu’il juge flou et dangereux.
Pour lui, l’investissement locatif ne peut être considéré comme improductif, puisqu’il met des logements à disposition des Français. La mesure, votée en première lecture grâce à une alliance hétéroclite (RN, PS, MoDem, Liot), devra encore être validée par le Sénat, où elle pourrait être amendée.
🏠 Logement, natalité et stabilité politique
Derrière ces débats fiscaux, le président de Century 21 alerte sur une instabilité politique chronique :
Le logement est sous-considéré : neuf ministres en sept ans, comment bâtir une stratégie durable dans ces conditions ?
fustige-t-il. Il plaide pour la création d’un statut de bailleur privé, qui protégerait les petits investisseurs et encouragerait la mise en location de biens. Ces propriétaires, souvent retraités ou modestes, « ne sont pas des spéculateurs mais des acteurs essentiels de l’offre locative », insiste-t-il.
Au-delà de la dimension économique, Marinakis relie le logement à la crise démographique française : « La première raison pour laquelle les gens ne font plus d’enfants, c’est le logement », souligne-t-il. Avec une chute de 20 % des naissances en 15 ans, il estime urgent de replacer la politique du logement au cœur des priorités publiques : un enjeu de cohésion nationale autant qu’un levier de croissance durable.
👁️ L’œil de l’expert : vers un rééquilibrage
L’extension de la défiscalisation des donations marque une évolution stratégique : elle réintroduit la famille comme acteur-clé de la solvabilisation immobilière, tout en soutenant un marché en perte de vitesse.
Mais cette avancée ne suffira pas à elle seule. Sans stabilité réglementaire, ni vision long terme sur la fiscalité du logement, la France risque de manquer le tournant d’une reconstruction structurelle du marché résidentiel.
L’heure n’est plus aux mesures ponctuelles : il faut une politique du logement lisible, pérenne et incitative, à la hauteur des défis démographiques et financiers à venir.





