Après deux années de gel quasi complet du marché, le crédit immobilier français retrouve enfin un second souffle. Les derniers chiffres publiés par la Banque de France confirment un redressement net des volumes de prêts et une stabilisation des taux, signes d’un retour de confiance des ménages comme des établissements bancaires.
Cette dynamique, portée par la détente progressive de la politique monétaire de la BCE, marque une rupture avec la période d’asphyxie qui avait suivi la flambée des taux entre 2022 et 2024.
Derrière cette reprise, c’est tout un écosystème économique — de la construction aux services financiers — qui entrevoit une sortie du tunnel, même si la prudence reste de mise.
🔍 Une reprise confirmée du marché du prêt immobilier
Le marché du crédit immobilier français se redresse à meilleure allure. Selon les dernières données de la Banque de France, le volume de nouveaux prêts a progressé de 4 % sur un an en septembre, atteignant 12,8 milliards d’euros, contre 12,2 milliards en août.
Les primo-accédants jouent un rôle moteur dans cette dynamique, représentant 53 % des nouveaux emprunteurs. Cette proportion témoigne d’une appétence persistante pour la propriété, même dans un environnement de financement encore exigeant.
La durée moyenne des crédits atteint désormais 23 ans et 4 mois, et près de 24 ans pour les primo-accédants, signe que les ménages ajustent leur stratégie pour absorber le coût des taux sans renoncer à l’achat de leur logement.
Depuis le début de l’année, le cumul des prêts octroyés s’élève à 107,8 milliards d’euros, soit une hausse de 38 % comparée aux neuf premiers mois de 2024 — un véritable retournement de tendance après la contraction enregistrée entre 2022 et 2023.
Comme l’explique un analyste de la Banque de France, « cette reprise traduit une normalisation du marché, soutenue par la détente monétaire et la baisse de l’incertitude macroéconomique ».
📈 Des taux stabilisés et la BCE en soutien
L’autre facteur clé de cette embellie réside dans la stabilisation des taux d’intérêt. En septembre, le taux moyen des nouveaux crédits immobiliers s’est établi à 3,09 %, un niveau constant depuis l’été. Une pause bienvenue après une ascension vertigineuse — de 1,26 % en mai 2022 à 3,61 % en janvier 2024 — causée par le durcissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) pour combattre l’inflation.
Désormais, la détente amorcée par Francfort agit comme un catalyseur de confiance. Les établissements bancaires bénéficient de conditions de refinancement plus souples, ce qui leur permet de rendre le crédit à nouveau accessible à une clientèle élargie.
Parallèlement, le crédit à la consommation continue de progresser, avec +4 % d’encours sur un an, tiré par le regain d’activité dans les secteurs automobile et technologique.
Selon Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, « la stabilisation des taux envoie un signal fort : le marché retrouve une respiration après deux années de tension ».
👁️ L’œil de l’expert : une reprise sous surveillance
Si la reprise du crédit immobilier se confirme, elle n’est pas encore synonyme de retour à la normalité. Les analystes anticipent une phase de consolidation, durant laquelle la vigilance restera de mise. En effet, une recrudescence de l’inflation ou un resserrement inattendu de la BCE pourraient freiner cet élan fragile.
Pour l’heure, les signaux restent positifs : les banques rouvrent les vannes, les ménages retrouvent de la visibilité, et la croissance du crédit redevient un pilier du redémarrage économique français. Mais cette embellie n’aura de valeur que si elle s’inscrit dans la durée.





