Cinq ans après une première restructuration douloureuse, Alinea fait une nouvelle fois face à une crise majeure. Selon une information révélée par l’AFP, l’enseigne d’ameublement appartenant au groupe Mulliez vient d’être placée en redressement judiciaire, un signal d’alarme supplémentaire pour une marque qui peine à retrouver un modèle économique viable dans un marché du mobilier déjà fragilisé. Avec 1 200 salariés, 36 magasins et un déficit abyssal en 2024, l’entreprise entre dans une phase critique de son histoire.
🧱 Le défi colossal d’Alinea
L’enseigne, qui espérait renouer avec la rentabilité cette année, voit au contraire ses équilibres financiers voler en éclats. Le tribunal des activités économiques de Marseille a ordonné l’ouverture d’une période d’observation de six mois, une phase indispensable pour évaluer si l’entreprise peut être sauvée ou si un repreneur doit être recherché.
Des comptes dans le rouge vif – Les chiffres parlent d’eux-mêmes : –47 millions d’euros de résultat net en 2024 pour 162 millions d’euros de chiffre d’affaires; Un niveau de pertes insoutenable pour une entreprise qui tente depuis plusieurs années de repenser son positionnement dans le secteur du mobilier.
Une source proche du dossier, citée par l’AFP, confirme l’ampleur de la crise : la situation financière est devenue « extrêmement préoccupante », rendant la poursuite d’activité incertaine sans soutien extérieur.
Une stratégie de transformation qui n’a pas porté ses fruits – En 2023, Alinea avait présenté un plan ambitieux : convertir une vingtaine de magasins Zôdio, également issus de l’univers Mulliez, pour renforcer son maillage commercial et réduire ses coûts. L’objectif affiché était clair : retour à la rentabilité en 2024.
Mais la dynamique n’a pas suivi. La marque, créée en 1989 à Avignon, peine à se différencier dans un marché dominé par des géants comme Ikea, But ou Maisons du Monde — des acteurs à la puissance logistique et marketing nettement supérieure.
Un historique déjà marqué par l’instabilité – Ce redressement judiciaire n’est pas une première. En 2020, en pleine crise sanitaire, Alinea avait déjà été contrainte de passer sous protection du tribunal. L’opération de reprise par les actionnaires, permise par une ordonnance d’urgence liée au Covid-19, avait cependant un coût social colossal avec la fermeture de 17 magasins , pour pas moins de 1 000 emplois supprimés (sur 1 800). Une source syndicale, citée par l’AFP, exprime aujourd’hui une inquiétude profonde : « La direction évoque la possibilité de repreneurs, mais rien n’a filtré. Nous craignons une reprise partielle ». Ce scénario pourrait de nouveau mener à une restructuration lourde, potentiellement au détriment d’une partie du réseau et des salariés.
👁️ L’œil de l’expert : un modèle à reconstruire
Le cas Alinea illustre les difficultés structurelles du marché français de l’ameublement : pression concurrentielle, hausse des coûts logistiques, évolution des comportements d’achat et essor massif de l’e-commerce. Les enseignes physiques à forte empreinte immobilière sont particulièrement vulnérables. Pour Alinea, la question n’est plus uniquement financière : c’est un modèle économique complet qui doit être repensé, entre modernisation de l’offre, optimisation des surfaces commerciales et adaptation aux nouveaux usages (durabilité, seconde main, fabrication locale, omnicanalité).
Si un repreneur se manifeste, il devra injecter des capitaux significatifs mais aussi impulser une rupture stratégique profonde. Sans cela, l’enseigne pourrait ne jamais retrouver l’équilibre dans un marché devenu impitoyable.





