Le groupe allemand Continental, déjà engagé dans une profonde réorganisation, franchit une nouvelle étape décisive — et douloureuse — de son plan stratégique. Selon des informations rapportées lundi par Reuters, le géant industriel prévoit jusqu’à 1.500 licenciements supplémentaires au sein de sa division ContiTech, spécialisée dans le caoutchouc et les plastiques techniques.
L’entreprise, qui multiplie les mesures drastiques pour s’adapter à un marché en tension et préparer la cession de cette activité, assume désormais une restructuration « devenue indispensable ».
Cette annonce survient dans un contexte où Continental cherche à consolider son cœur de métier — les pneumatiques — et à redéfinir sa place dans une industrie automobile bouleversée par l’électrification, la baisse de la demande et la pression inflationniste.
📉 Une restructuration sous la pression financière
La stratégie du groupe s’inscrit dans une logique économique claire : réduire drastiquement les coûts pour regagner en compétitivité. Continental avait déjà communiqué son objectif d’économiser 150 millions d’euros par an dès 2028, un cap jugé indispensable pour rendre ContiTech attractive avant sa mise en vente programmée l’an prochain.
Des mesures initiales insuffisantes – « Les mesures précédentes ne sont plus suffisantes », a déclaré la direction du groupe, citée par Reuters. Ce constat a poussé Continental à élargir son plan social, après avoir déjà annoncé en janvier la fermeture de quatre sites industriels et la réduction d’activité de deux autres.
Ces premières décisions impactaient déjà 580 postes au sein de ContiTech, avant même l’annonce du nouveau volet de suppressions.
Un plan social étendu à l’ensemble du groupe – Au-delà de ContiTech, la restructuration globale de Continental inclut 10.000 suppressions de postes à l’échelle internationale. Cette transformation comprend également la séparation de l’ancienne division automobile — aujourd’hui cotée sous le nom d’Aumovio — qui permet au groupe de recentrer ses investissements sur les segments les plus rentables.
Un marché défavorable qui accélère les décisions – La conjoncture industrielle, marquée par la baisse des volumes, la volatilité des prix du caoutchouc et du plastique, ainsi que la montée en puissance de la concurrence asiatique, a poussé Continental à ajuster en profondeur ses opérations.
Les coupes annoncées visent en priorité les fonctions administratives, signe que le groupe cherche à rationaliser sa structure autant que sa production.
Un climat social sous haute tension – Le syndicat IGBCE et le comité d’entreprise ont condamné ce nouveau plan, évoquant un « nouvel abus de confiance ». Pour eux, la direction s’éloigne encore un peu plus des engagements pris au début du processus de restructuration. Cette réaction révèle la fracture grandissante entre les salariés et une direction déterminée à redresser ses comptes avant la cession de ContiTech.
👁️ L’œil de l’expert : un signal fort
La décision de Continental dépasse le cadre d’un simple plan d’austérité. Elle illustre un mouvement plus large : la recomposition accélérée des chaînes de valeur industrielles européennes. La cession prochaine de ContiTech montre qu’un champion historique n’hésite plus à alléger son portefeuille d’activités pour renforcer son cœur économique. Les économies massives prévues traduisent aussi une pression croissante des marchés financiers, exigeant rentabilité et recentrage stratégique. Et enfin, les tensions sociales rappellent qu’un choc industriel de cette ampleur ne peut se faire sans risques pour l’image, la stabilité interne et la confiance des partenaires sociaux.
Dans un secteur en pleine mutation, Continental fait un pari : sacrifier aujourd’hui pour stabiliser demain. Reste à voir si ce pari suffira à réinstaller durablement le groupe dans le trio de tête mondial du pneumatique… et à quel coût social.





