Alors que le projet de budget 2026 fait l’objet de débats houleux au Sénat, un récent sondage du Conseil des prélèvements obligatoires (CPO), relayé par BFM Business, met en lumière un paradoxe majeur : la majorité des Français jugent la fiscalité trop lourde, mais refusent toute réduction des dépenses publiques pour alléger leurs impôts. Cette tension entre perception fiscale et attente de services de qualité pose des enjeux cruciaux pour l’économie et la gestion des finances publiques.
🏛 Les Français restent attachés à l’État-providence
Selon l’étude menée par Harris Interactive/Toluna auprès de 3 055 participants entre fin août et début septembre 2025, 78 % des Français considèrent que le niveau global des impôts et cotisations est trop élevé. Seuls 19 % estiment la pression fiscale appropriée. Cette perception critique s’accompagne d’une constatation plus nuancée sur le plan individuel : 61 % des citoyens jugent qu’ils paient trop d’impôts, et 66 % trop de cotisations sociales, souligne le CPO.
Pourtant, malgré ce ressentiment, 79 % des Français considèrent le paiement des impôts comme un acte citoyen, reflétant un équilibre subtil entre critique fiscale et acceptation des responsabilités sociales. Le CPO note également que plus le revenu est élevé, moins les individus acceptent de contribuer.
Cette ambivalence se traduit dans le débat sur la dépense publique : les Français souhaitent une fiscalité allégée, mais ne sont pas favorables à une baisse des services publics pour y parvenir, illustrant l’attachement à l’État-providence et à la qualité des infrastructures collectives.
📊 Insatisfaction, fraude et gestion des fonds publics
L’enquête du CPO montre que l’insatisfaction vis-à-vis de l’utilisation des fonds publics est très forte : 72 % des sondés jugent que l’argent public n’est pas employé efficacement. Cette perception impacte directement le consentement à l’impôt. Par ailleurs, la fraude fiscale est majoritairement jugée inacceptable, avec 45 % des répondants déclarant qu’elle n’est jamais justifiée, tandis que l’expatriation pour alléger ses impôts divise, 25 % la considérant toujours injustifiée.
Concernant les ajustements budgétaires, les Français se montrent pragmatiques. Par exemple, 86 % ne veulent pas financer l’augmentation du budget de la défense par de nouveaux impôts, préférant une réallocation d’autres dépenses (62 %) plutôt qu’une hausse de la fiscalité. Cette approche révèle une demande pour une gestion plus efficiente et transparente des ressources publiques, en parallèle de leur souhait de réduire la charge fiscale.
👁️ L’œil de l’expert
Le sondage du CPO révèle un dilemme typique des démocraties modernes : la population veut moins d’impôts mais conserve l’exigence de services publics robustes et efficaces. Pour l’État, il s’agit d’un défi stratégique : trouver un équilibre entre allègement fiscal et maintien de la qualité des prestations publiques, tout en renforçant la transparence dans l’usage des fonds publics.
La clé pour 2026 résidera donc dans l’optimisation des dépenses, la lutte contre le gaspillage budgétaire et l’efficacité des programmes sociaux, afin de répondre à la double exigence des Français : moins de fiscalité et services publics préservés.
