Le dernier baromètre de BPCE révèle une tendance alarmante : les Français se retirent massivement de l’investissement locatif. Pour la première fois depuis des années, les intentions de sortie dépassent celles d’investissement, un signal fort d’un marché privé en tension. Entre fiscalité lourde, normes énergétiques coûteuses et encadrement des loyers, le système locatif français montre aujourd’hui ses limites, avec des conséquences directes sur l’accès au logement pour les ménages.
⚠️ Un marché fragilisé par des contraintes cumulées
L’enquête de BPCE souligne trois freins principaux au maintien de biens en location avec un premier lieu la fiscalité et charges administratives : les propriétaires jugent la pression fiscale excessive et la gestion locative de plus en plus complexe. BPCE ajoute la rénovation énergétique obligatoire comme autre frein : la lutte contre les passoires thermiques impose des investissements lourds, souvent difficiles à réaliser en copropriété, sans certitude de retour sur investissement. Enfin, l’encadrement des loyers, bien que destiné à protéger les locataires, réduit la rentabilité pour les propriétaires et décourage les petits bailleurs, qui constituent l’essentiel du parc locatif privé.
Comme le souligne BPCE, « à force de vouloir atteindre un idéal réglementaire, on finit par décourager ceux qui assurent concrètement l’offre de logement ». La conséquence est un retrait massif du marché, particulièrement marqué chez les plus de 75 ans (36 % envisagent de vendre), et une contraction globale de l’offre locative.
📉 Conséquences : la crise touche les plus vulnérables
Cette raréfaction du parc privé intervient dans un contexte déjà tendu avec la construction neuve qui stagne, freinée par des coûts élevés et des démarches administratives lourdes ; les taux d’intérêt élevés freinent quant à eux l’accès à la propriété ; et les prix restent prohibitifs pour de nombreux ménages, renforçant la dépendance au parc locatif.
Résultat : ce sont surtout les classes moyennes et les ménages modestes qui pâtissent de ce déséquilibre. L’effet pervers des politiques publiques est clair : en voulant protéger les locataires et encourager la transition énergétique, on réduit la disponibilité de logements et on accentue la précarité.
Pour rétablir un marché plus fonctionnel, BPCE et plusieurs experts économiques appellent à redonner de la visibilité fiscale et réglementaire pour sécuriser les investissements. Ils insistent également pour que soient simplifiées les normes énergétiques afin qu’elles soient réellement applicables et financées ; et enfin assouplir l’encadrement locatif, ce qui permettrait au marché de répondre à la demande réelle.
Ce désengagement des petits ne reste pas un seul problème d’investissement, il devient désormais un véritable signal d’alarme pour le marché de l’immobilier et pour la gestion du logement de notre pays.
👁️ L’œil de l’expert
La tendance actuelle révèle un paradoxe français : les politiques publiques, conçues pour protéger et améliorer, peuvent produire l’effet inverse si elles ne prennent pas en compte les contraintes réelles des investisseurs. Pour les acteurs financiers et immobiliers, il est urgent de repenser les mécanismes incitatifs, de clarifier les normes et de sécuriser les retours sur investissement. Un marché locatif assoupli et transparent est la condition sine qua non pour garantir un logement accessible et un environnement économique stable.

