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Brevo : nouvelle licorne française

Armand Thiberge
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La French Tech accueille une nouvelle licorne : Brevo, spécialiste de l’automatisation des communications clients, vient de dépasser le milliard d’euros de valorisation après une levée de fonds historique. Cette opération, révélée par AFP, propulse la start-up dans le cercle très fermé des entreprises technologiques françaises à forte croissance, aux côtés de Doctolib ou Mistral AI. Ce succès constitue un tournant stratégique pour l’écosystème européen du marketing digital, où se jouent désormais souveraineté numérique, intelligence artificielle et concentration des capitaux.

💶 Levée de fonds massive et ambitieuse

Brevo vient de finaliser un tour de table exceptionnel de 500 millions d’euros, cédant 50 % de son capital à deux géants de l’investissement : General Atlantic et Oakley Capital, chacun montant à 25 %. Une opération « qui permet à Brevo de franchir le cap symbolique du milliard de dollars », selon la source.

Un repositionnement actionnarial inédit – Contrairement à de nombreuses levées où les fondateurs se diluent fortement, l’opération fait émerger une configuration rare dans la tech française : management et salariés deviennent les premiers actionnaires, à hauteur de 26 %. Un signal fort envoyé au marché, qui récompense la trajectoire financière de l’entreprise et renforce la stabilité de sa gouvernance. Parallèlement, plusieurs acteurs historiques ajustent leur position. Ainsi Partech, actionnaire depuis 2017, se retire complètement du capital ; Bpifrance, Bridgepoint et d’autres fonds conservent quant à eux des participations minoritaires stratégiques.

Un modèle économique à forte traction – Créée en 2012 par Armand Thiberge, la société (anciennement Sendinblue) s’est imposée grâce à une suite logicielle permettant d’automatiser les newsletters, les SMS, WhatsApp et réseaux sociaux, parcours clients, et aussi le suivi des interactions commerciales.

Son portefeuille compte désormais plus de 600 000 entreprises clientes, dont eBay, H&M, Carrefour ou Louis Vuitton. Un socle qui garantit des revenus récurrents significatifs, avec un potentiel de croissance international encore sous-exploité.

Comme le rappelle Armand Thiberge à l’AFP , « la souveraineté numérique est un enjeu de plus en plus important », soulignant notamment que tous les serveurs de Brevo sont hébergés en France chez OVH.

🌍 Une stratégie pour concurrencer les géants américains

Brevo ne cache plus son ambition : devenir l’alternative européenne aux plateformes américaines de marketing automation. Une position soutenue par plusieurs leviers majeurs.

L’IA comme moteur de croissance – L’entreprise annonce un plan d’investissement de 50 millions d’euros sur cinq ans dans l’intelligence artificielle. Un choix affirmé, résumé par la déclaration forte d’Armand Thiberge :

« Seules les entreprises qui prennent ce virage seront là en 2030-2035 »

L’objectif : automatiser davantage les campagnes marketing, anticiper les comportements clients, et rivaliser avec les solutions américaines qui dominent actuellement le marché.

Souveraineté numérique : un avantage concurrentiel – Brevo capitalise sur une carte désormais centrale : la protection des données. Alors que les entreprises européennes renforcent leur vigilance face au CLOUD Act américain, l’hébergement chez OVH devient un argument stratégique, notamment dans des secteurs sensibles comme la finance ou le e-commerce.

Accélération aux États-Unis et stratégie d’acquisitions – Pour consolider son rang mondial, Brevo va aussi renforcer sa présence aux États-Unis, multiplier les rachats ciblés, et accélérer l’intégration de solutions complémentaires autour du CRM et de la data.

Avec 1 000 collaborateurs dans le monde, Brevo s’impose désormais comme l’un des acteurs européens les mieux structurés face aux plateformes américaines comme Klaviyo, HubSpot ou Mailchimp.

👁️ L’œil de l’expert : un signal fort pour la French Tech

L’entrée de Brevo dans le cercle des licornes marque un nouveau tournant financier pour l’écosystème tech français, qui attire désormais des capitaux internationaux d’une envergure comparable à la Silicon Valley. Mais cette valorisation place la start-up face à un défi de taille : réussir son déploiement international, tout en maintenant une croissance rentable, et en investissant massivement dans l’IA sans diluer son modèle. Le parfait combo sera enfin de préserver son positionnement européen différenciant.

Le succès ou l’échec de Brevo servira de baromètre pour l’avenir des licornes françaises dans un marché globalisé où la consolidation technologique s’accélère.

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