Alors que la transition énergétique s’accélère et que l’Europe envisage l’interdiction des véhicules thermiques neufs dès 2035, l’État français s’interroge sur l’avenir de ses recettes fiscales. Aujourd’hui, la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) constitue un flux annuel de 30 milliards d’euros, dont 17 milliards alimentent directement le budget de Bercy. Avec l’essor des voitures électriques, cette manne est menacée, poussant les pouvoirs publics à envisager une taxation inédite : la redevance kilométrique pour les véhicules zéro émission. Selon François Lenglet sur RTL et repris par la revue Capital, « la France doit réfléchir à un moyen de faire contribuer les conducteurs de véhicules électriques » pour combler le déficit prévu.
⚠️ Un manque à gagner colossal pour l’État
La montée en puissance des véhicules électriques entraîne une érosion progressive des recettes issues de la TICPE. La Direction Générale du Trésor estime que la France pourrait perdre 13 milliards d’euros dès 2030 et voir l’intégralité de ses recettes carburant s’évaporer d’ici 2050. Sur deux décennies, le coût total de cette transition électrique est évalué à environ 500 milliards d’euros, souligne l’Office parlementaire.
« La poule aux œufs d’or du carburant disparaît avec l’électrification du parc automobile », explique François Lenglet sur RTL. Pour les finances publiques, il s’agit d’un enjeu stratégique majeur : comment maintenir l’équilibre budgétaire tout en accompagnant la révolution énergétique ?
L’exemple britannique donne une piste : dès 2028, les conducteurs de véhicules électriques outre-Manche devront s’acquitter d’une redevance kilométrique. Le principe est simple : déclaration préalable des kilomètres parcourus et régularisation annuelle, pour une facture moyenne de 280 € pour 13 000 km.
🚦 Combien coûterait la taxe aux Français ?
Si la France adopte une redevance de 2 centimes par kilomètre, comme le préconise François Lenglet, un automobiliste parcourant 15 000 km par an verrait sa contribution s’élever à environ 300 €. Comparée aux taxes sur les carburants pour un véhicule thermique, cette somme représenterait moitié moins, tout en offrant à l’État un moyen de compenser partiellement la disparition de la TICPE.
L’Alsace sert d’exemple pratique : depuis 2025, tous les poids lourds de plus de 3,5 tonnes, quelle que soit leur motorisation, paient 15 centimes par kilomètre à partir de 2027. Cette mesure pourrait constituer un modèle pour l’application d’une taxe similaire sur les voitures électriques. Selon les experts interrogés par Capital, cette approche serait « moins punitive pour les particuliers tout en rétablissant une équité fiscale entre conducteurs thermiques et électriques ».
👁 L’œil de l’expert
La redevance kilométrique pour les véhicules électriques ne se résume pas à une simple mesure fiscale. Elle traduit un arbitrage complexe entre transition écologique, justice sociale et santé des finances publiques. Pour Bercy, c’est une nécessité : compenser la perte progressive de la TICPE tout en incitant les Français à adopter des comportements plus responsables. Pour les automobilistes, il s’agit d’anticiper un coût supplémentaire, mais calculable et transparent. Comme le souligne François Lenglet, « il ne s’agit pas de pénaliser, mais de préparer la France à un futur sans carburant fossile ». La mise en œuvre de cette taxe pourrait devenir un modèle européen de fiscalité verte intelligente, conciliant incitation écologique et équilibre budgétaire.

