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Accord UE–USA sur les droits de douane : compromis risqué pour l’économie européenne

Donald Trump et Ursula von der Leyen
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L’accord signé le 27 juillet 2025 entre Donald Trump et Ursula von der Leyen marque un tournant dans les relations commerciales transatlantiques. Derrière une façade de stabilité, l’Union européenne concède une hausse significative des droits de douane sur ses exportations vers les États-Unis sans contrepartie apparente. Un pari risqué pour les entreprises européennes et leur compétitivité internationale.

📈 Une hausse maîtrisée… mais douloureuse

L’annonce d’un relèvement des droits de douane américains de 10 % à 15 % sur les produits européens constitue un choc pour les entreprises exportatrices, déjà affaiblies par un euro fort et une concurrence internationale accrue. Comme l’explique un spécialiste :

C’est un coup dur : les marges devront être rognées et les prix augmenteront mécaniquement sur le marché américain

En clair, les entreprises européennes devront choisir entre absorber la hausse en réduisant leurs profits, ou la répercuter sur les prix, au risque de perdre des parts de marché outre-Atlantique.

Certains secteurs, particulièrement sensibles, pourraient souffrir plus que d’autres. C’est le cas des industries agroalimentaires et manufacturières, fortement exportatrices, qui ne bénéficient pour l’instant d’aucune exemption claire. A l’inverse, l’automobile, surtaxée à 25 % depuis avril, pourrait être légèrement soulagée si elle est effectivement intégrée dans les nouveaux droits à 15 %, comme l’a suggéré Donald Trump. 

🧩 Une négociation asymétrique et tactique

Le déroulé de la négociation révèle un rapport de force très déséquilibré. L’administration Trump a d’abord menacé d’instaurer des droits de douane à 50 %, puis 30 %, avant de concéder un repli à 15 %. Cette stratégie de surenchère a permis aux États-Unis de fixer les termes de l’accord sans concessions majeures, obligeant la Commission européenne à accepter cette hausse comme un « moindre mal« .

Julien Damon, économiste spécialiste des relations internationales, analyse :

L’Europe n’a pas vraiment eu le choix. Face à l’intransigeance américaine, l’objectif était de contenir les dégâts pour éviter une escalade aux conséquences économiques potentiellement dévastatrices.

Ursula von der Leyen a quant à elle défendu une vision pragmatique, déclarant que l’accord apportera « de la stabilité », même au prix de certains sacrifices.

🔥 Pourquoi l’UE renonce aux représailles économiques

La décision de ne pas riposter commercialement à cette hausse de droits de douane repose sur une lecture fine des équilibres macroéconomiques européens. L’UE sort péniblement d’une période d’inflation élevée post-guerre en Ukraine, et toute mesure susceptible d’alourdir le coût des importations (comme des surtaxes sur les produits américains) serait un risque direct pour la stabilité des prix dans la zone euro.

Taxer les biens américains — dans des secteurs comme l’agriculture, l’énergie ou les technologies — aurait inévitablement conduit à une hausse des prix à la consommation et possiblement à une recrudescence de l’inflation, un scénario que la Banque centrale européenne veut à tout prix éviter.

L’UE se retrouve donc dans une position délicate : préserver la croissance interne et le pouvoir d’achat au prix d’un affaiblissement de ses entreprises à l’international. Reste à savoir si les 27 États membres accepteront unanimement cette stratégie de modération, ou si des voix dissidentes exigeront des contre-mesures ciblées.

👁️ L’œil de l’expert : un pari à courte vue ?

Cet accord, s’il permet d’éviter une guerre commerciale frontale, n’en demeure pas moins révélateur de l’alignement tactique forcé de l’Union européenne face à une politique commerciale américaine unilatérale. Les industriels européens, surtout les PME fortement dépendantes des marchés US, risquent d’en payer le prix.

À moyen terme, l’absence de riposte pourrait être interprétée comme un signe de faiblesse stratégique, incitant d’autres partenaires commerciaux à tester la résilience du bloc européen. Pour préserver son influence économique, l’UE devra rapidement mettre en œuvre une politique commerciale plus offensive, tout en soutenant ses secteurs les plus exposés par des mesures ciblées : crédits d’exportation, allégements fiscaux ou soutien à l’innovation.

Written by
Fabien Monvoisin

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français

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