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Assurance obsèques : la fin d’un tabou en France

La signature de l'assurance obsèques
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Autrefois tabou, l’assurance obsèques s’impose aujourd’hui comme un véritable outil de gestion patrimoniale. En France, le nombre de contrats souscrits a été multiplié par quatre en vingt-deux ans, selon un rapport de la Banque de France. Plus de 5,3 millions de Français détiennent désormais un contrat destiné à financer leurs funérailles.
Ce phénomène, intimement lié au vieillissement de la population – près de 28 % des Français ont plus de 60 ans – traduit un changement profond de mentalité. “C’est la fin d’un tabou”, souligne RTL, qui consacre un reportage à cette évolution sociétale et économique majeure.

Mais derrière cette banalisation de la prévoyance funéraire se cache un secteur en plein essor, pesant plusieurs milliards d’euros, où s’entremêlent enjeux financiers, démographiques et psychologiques.

🪦 Un marché porté par la démographie et la conscience économique

Le vieillissement de la population française alimente une croissance structurelle du marché de l’assurance obsèques. Longtemps réservé aux seniors, ce dispositif séduit désormais des générations plus jeunes et plus aisées, conscientes du poids financier qu’un décès peut faire peser sur les proches.

📊 Selon le dernier baromètre CSNAF-CREDOC, 23 % des 40-49 ans et 17 % des cadres et professions intellectuelles envisagent de souscrire un contrat obsèques. “Cette tendance illustre une prise de conscience croissante de l’importance de la prévoyance funéraire”, explique le rapport, évoquant une évolution culturelle comparable à celle de l’assurance vie dans les années 1980.

Le principe est simple : le souscripteur finance à l’avance tout ou partie de ses obsèques, par versements mensuels, uniques ou viagers, garantissant le versement d’un capital fixe à son décès.
Selon les chiffres de RTL, le capital moyen garanti atteint 4 350 € pour les contrats dits “vie entière”, une somme quasiment équivalente au coût moyen d’obsèques en France (4 370 €). Autrement dit, l’assurance obsèques devient un instrument d’équilibre financier entre la volonté individuelle et la tranquillité familiale.

Un coût accessible, mais croissant
Le coût annuel moyen d’un contrat s’élève à 334 €, soit environ 28 € par mois. Mais l’âge du souscripteur influe fortement sur la cotisation : plus on s’y prend tôt, plus le tarif est avantageux.
Ainsi, une personne de 50 ans versera environ 30 € par mois pendant dix ans pour constituer un capital de 3 000 €, tandis qu’un octogénaire devra débourser près du double pour le même résultat.
Une donnée qui conforte les assureurs dans leur message : anticiper tôt, c’est alléger durablement la charge.

🧾 Préparer, comparer, transmettre

Au-delà de la dimension symbolique, l’assurance obsèques est devenue un produit d’ingénierie financière. Deux grands modèles dominent le marché :

  • le contrat en capital, qui prévoit le versement d’une somme d’argent à un bénéficiaire désigné, libre de l’utiliser pour les funérailles ;

  • le contrat en prestations, plus encadré, qui confie l’organisation complète des obsèques à un opérateur funéraire partenaire.

Une logique patrimoniale
Derrière ces mécanismes, la logique est double : protéger le patrimoine familial et éviter les tensions successorales. Sans bénéficiaire désigné, le capital rejoint en effet la succession et peut être soumis à des délais administratifs. D’où la recommandation récurrente des assureurs : désigner un bénéficiaire explicite dès la souscription.

Cette prudence s’explique aussi par le poids croissant du secteur. En vingt ans, les contrats obsèques sont devenus un pilier de la bancassurance, générant un volume d’épargne estimé à plus de 15 milliards d’euros cumulés. Les assureurs misent désormais sur la transparence et la standardisation, notamment sous l’effet de futures obligations réglementaires imposant des tableaux comparatifs clairs pour informer les consommateurs.

Un enjeu social et économique
Si l’assurance obsèques connaît un tel essor, c’est aussi parce qu’elle répond à une double angoisse : financière et émotionnelle. En période d’inflation, où les coûts d’inhumation et de crémation dépassent souvent 4 000 €, anticiper devient un acte de raison autant que de prévoyance.
Pour RTL, “la fin du tabou” s’explique aussi par le besoin des Français de maîtriser le coût de la mort, dans une société où chaque aspect de la vie — jusqu’à son terme — tend à être budgété, rationalisé, planifié.

👁️ L’œil de l’expert

L’assurance obsèques est à la croisée de la démographie et de la finance comportementale. C’est un produit de patrimoine autant qu’un miroir de la société vieillissante

analyse un économiste du secteur interrogé par RTL. Derrière la croissance du marché se dessine une nouvelle approche du rapport à la mort : dédramatisée, calculée, intégrée dans la planification patrimoniale.
En 2025, la tendance devrait se renforcer, portée par les générations de baby-boomers arrivant à la retraite et par la professionnalisation accrue du marché funéraire.

Loin d’être un sujet morbide, l’assurance obsèques devient un indicateur socio-économique clé : celui d’une France qui assume désormais de préparer l’inévitable… avec lucidité, responsabilité et calcul.

Written by
Morgane Cariou

Rédactrice web au sein du Groupe Win'Up, Morgane rédige des contenus d'actualité sur l'épargne, les finances personnelles, les impôts et assure également la mise à jour du site pour optimiser votre navigation.

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