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Photo représentant la protection de la maison, de la voiture et des personnes
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Assurances : pourquoi de plus en plus de Français prennent le risque de ne plus se couvrir

Dans un contexte économique tendu et face à l’augmentation continue des prix, un nombre croissant de Français font un choix à haut risque : se passer d’assurance. Qu’il s’agisse de couvrir leur logement, leur véhicule ou les dégâts liés aux catastrophes climatiques, la tentation du désengagement gagne du terrain, quitte à s’exposer à de lourdes conséquences financières et juridiques. Ce désintérêt, loin d’être marginal, traduit une crise de confiance structurelle envers un système assurantiel perçu comme trop coûteux, opaque et déconnecté des réalités du quotidien. Pourtant, alors que les aléas climatiques se multiplient et que le parc automobile vieillit, souscrire à une assurance n’a jamais été aussi essentiel. Quels sont les véritables moteurs de ce renoncement croissant ? Et comment expliquer ce paradoxe entre montée des risques et recul de la protection ? Décryptage d’un phénomène inquiétant qui interroge l’avenir même du modèle assurantiel français.

💥 Une désaffection inquiétante pour l’assurance

Un phénomène discret mais alarmant est en train de prendre racine : de nombreux Français tournent le dos à l’assurance, qu’elle soit automobile, habitation ou climatique. En cause ? Des prix qui explosent, des garanties jugées insuffisantes, et une perception des risques en décalage avec la réalité.

Selon le dernier baromètre de L’Olivier assurances, 8 % des foyers ne couvrent plus leur logement, contre 6 % en 2022. Le même désengagement touche l’assurance auto, où près de 250 000 conducteurs circulent désormais sans couverture, soit le double du chiffre enregistré en 2017. Pire encore, un automobiliste sur cinq envisage de résilier son assurance, malgré les risques juridiques, financiers, voire physiques.

Ce recul massif de la souscription s’étend aux garanties climatiques, pourtant plus cruciales que jamais. En 2022, 15 % des assurés déclaraient vouloir souscrire à une protection contre les aléas naturels. Ils ne sont plus que 8 % en 2024, alors même que les épisodes extrêmes — inondations, canicules, sécheresses — s’intensifient partout en France.

On observe une vulnérabilité grandissante d’une partie de la population face aux événements météorologiques extrêmes

alerte L’Olivier assurances dans son étude.

📈 La spirale inflationniste des prix

Le facteur central de cette désaffection reste la flambée des tarifs. Selon l’Insee, les assurances habitation ont vu leurs prix grimper de 25 % sur les cinq dernières années. Rien que pour 2024, les hausses s’établissent entre 8 % et 10 %. Et 2025 ne s’annonce pas plus clémente, avec une projection d’augmentation allant jusqu’à 12 %, d’après la compagnie Leocare.

Le coût moyen d’une assurance habitation pourrait ainsi dépasser les 260 euros annuels, un seuil jugé trop élevé pour de nombreux ménages. Côté automobile, la hausse est légèrement plus modérée — entre 4 % et 6 % — mais tout aussi mal perçue, d’autant qu’elle s’accompagne d’un contexte technique défavorable : les véhicules électriques engendrent des réparations plus chères de 20 %, tandis que les pièces détachées deviennent de plus en plus coûteuses.

Ironie du sort, si le recul des catastrophes naturelles sur les deux dernières années rassure certains assurés, il ne reflète pas la réalité structurelle. Car les experts sont unanimes : la fréquence et l’intensité des événements climatiques ne cessent de progresser, et les coûts associés avec. Le vieillissement du parc immobilier, les fissures liées à la sécheresse, ou les canicules à répétition devraient continuer à alourdir les sinistres — et donc les primes.

Pour les Français, le dilemme est cornélien : continuer à s’assurer à des tarifs de plus en plus élevés, ou faire l’impasse au risque de se retrouver sans protection en cas de coup dur.

👁 L’œil de l’expert : un choix risqué qui appelle à la pédagogie

À force de voir les prix grimper, certains Français prennent le pari dangereux de ne plus s’assurer, oubliant qu’un sinistre non couvert peut coûter bien plus cher qu’une prime annuelle. Cette tendance doit alerter autant les assureurs que les pouvoirs publics : le défi n’est pas seulement économique, mais aussi éducatif. Il devient urgent de repenser l’offre d’assurance, de la rendre plus lisible, adaptable, et proportionnée aux besoins réels. Et de rappeler que s’assurer n’est pas un luxe, mais une nécessité.

À propos de l'auteur

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français