La banque britannique suit le mouvement des géants américains et européens en quittant la NZBA. Une décision lourde de conséquences pour la finance durable et les engagements climatiques.
Le 1er août, Barclays a annoncé son retrait de la Net-Zero Banking Alliance (NZBA), coalition lancée par l’ONU en 2021 pour pousser le secteur bancaire mondial vers la neutralité carbone. Une sortie symbolique, qui fait écho à la vague de désengagements observée depuis plusieurs mois parmi les grandes institutions financières. Si la banque britannique réaffirme son intention d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, ce départ interroge sur la solidité de la finance verte et la capacité des banques à jouer un rôle moteur dans la transition énergétique.
🛑 Un retrait des « Big » fatal à l’Alliance
La NZBA, créée dans le cadre de l’Initiative financière du Programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP-FI), avait rassemblé près de 150 établissements financiers à son apogée. Son objectif : contraindre les banques à réduire l’empreinte carbone de leurs portefeuilles de prêts et d’investissements.
Mais le vent a tourné fin 2024, dans un climat politique marqué par le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche et sa promesse de « drill, baby, drill », autrement dit un soutien massif à l’exploitation pétrolière et gazière. Plusieurs mastodontes américains – Goldman Sachs, JPMorgan Chase, Wells Fargo, Citi, Morgan Stanley, Bank of America – ont rapidement claqué la porte. Plus récemment, HSBC a suivi le mouvement.
Barclays justifie à son tour son retrait en expliquant que « l’organisation ne dispose plus du nombre de membres nécessaire pour soutenir notre transition », selon son communiqué officiel. Autrement dit, la crédibilité de l’alliance s’effrite avec le départ des acteurs majeurs, au point de rendre sa survie incertaine.
⚖️ Des ambitions « climancières«
Si Barclays tourne la page de la NZBA, elle insiste sur la continuité de ses engagements climatiques. La banque maintient son ambition d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, et affirme vouloir mobiliser 1 000 milliards de dollars pour financer la transition énergétique et les projets durables.
Pourtant, cette décision inquiète fortement les ONG. L’association ShareAction n’a pas mâché ses mots : « Cette décision est extrêmement décevante et constitue un pas dans la mauvaise direction à un moment où les dangers liés au changement climatique s’intensifient rapidement ».
Derrière cette rupture se cache un dilemme stratégique pour les banques : comment concilier la rentabilité de leurs financements dans les énergies traditionnelles – encore très lucratives – avec l’impératif d’accélérer le virage vers des investissements bas carbone ? Le risque réputationnel est majeur : se retirer des alliances climatiques peut donner l’image d’une finance opportuniste, davantage guidée par la rentabilité que par la responsabilité sociétale.
👁️ L’œil de l’expert : rentability first
Le départ de Barclays illustre la fragilité des coalitions internationales autour de la finance verte. Tant que la transition énergétique reposera sur des engagements volontaires, les banques conserveront une marge de manœuvre pour ajuster leurs stratégies en fonction des pressions politiques et économiques.
En réalité, la tendance actuelle montre que les marchés financiers hésitent à assumer le coût de la décarbonation sans cadre réglementaire fort. Pour éviter que la finance durable ne devienne un simple argument marketing, les gouvernements et institutions devront renforcer les règles contraignantes plutôt que de s’appuyer sur la bonne volonté des acteurs privés.
Barclays reste engagée sur le papier, mais son retrait de la NZBA révèle une vérité crue : dans la bataille entre rentabilité immédiate et transition écologique, c’est encore la première qui dicte ses lois.