Le secteur du bâtiment, piliers de l’économie française, s’apprête à affronter une nouvelle hémorragie d’emplois. Après des suppressions massives en 2024, les projections pour 2025 annoncent 30 000 à 35 000 postes supprimés, conséquences directes de la crise immobilière et des réformes sur la rénovation énergétique. Cette situation met en lumière l’impact économique dévastateur des mesures publiques et du ralentissement du marché.
🏗 Une filière frappée par la crise immobilière et énergétique
Le bâtiment emploie 1,7 million de personnes en France, mais le secteur subit de plein fouet la crise du logement. Après la multiplication par quatre des taux de crédit en 2022 et 2023, la construction de logements neufs s’effondre, entraînant une perte de 28 800 emplois en 2024, soit cinq fois plus que l’année précédente.
Mais le problème ne se limite pas au neuf : l’amélioration et l’entretien, qui représentent 57% de l’activité, connaissent un recul inattendu. La Fédération française du bâtiment (FFB) anticipe désormais une baisse de 0,8% du chiffre d’affaires, alors qu’une légère progression de 0,6% était initialement prévue. Olivier Salleron, président de la FFB, dénonce :
La succession de rabotages et de gels de MaPrimeRénov’ pèse lourdement dans ce retournement de tendance.
Depuis le 23 juin 2025, les rénovations énergétiques de grande ampleur ne peuvent plus bénéficier de MaPrimeRénov’, jusqu’au 30 septembre, ce qui freine fortement l’activité des entreprises du secteur. Et face au mur d’instabilité politique que le pays continue de subir, que peut attendre un secteur déjà si durement touché ?
💸 Conséquences économiques et financières
La réduction des aides publiques a des effets directs sur les entreprises et l’économie locale :
Les petites sociétés de rénovation, ayant investi dans la formation de techniciens, voient leurs projets compromis, ce qui menace leur trésorerie et leurs investissements futurs.
La baisse de l’activité entraîne une perte de revenus pour les fournisseurs et sous-traitants, impactant l’ensemble de la chaîne économique.
Sur le plan macroéconomique, le bâtiment, moteur de croissance, influe directement sur le PIB : Olivier Salleron souligne que « sans le bâtiment, il n’y a pas de croissance économique ».
Les mesures budgétaires prévues pour 2026 vont encore accentuer le choc : l’isolation des murs et l’installation de chaudières biomasse ne seront plus subventionnées dans le cadre des rénovations comprenant un geste unique de travaux, ce qui pourrait freiner durablement la rénovation énergétique.
⚠️ Pression politique et perspectives 2025
La FFB interpelle le gouvernement sur l’urgence de rétablir ces dispositifs pour préserver l’emploi et la croissance. Olivier Salleron dénonce :
Une énorme gifle, infligée par des technocrates de Bercy qui n’ont jamais mis les pieds sur un chantier…
La filière espère que le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, prendra en compte les besoins du secteur et remettra en place les travaux essentiels dans MaPrimeRénov’, permettant de limiter la casse sociale et économique.
Face à ces turbulences, le bâtiment reste un baromètre clé de la santé économique française, et sa fragilisation pourrait avoir des répercussions sur l’investissement, l’emploi et la consommation dans l’ensemble du pays.
👁️ L’œil de l’expert
Pour les analystes économiques, la situation est alarmante mais pas irrémédiable. La destruction d’emplois dans le bâtiment reflète à la fois une politique publique restrictive et un marché immobilier fragilisé. La relance de la rénovation énergétique et le rétablissement de MaPrimeRénov’ sont des leviers essentiels pour stabiliser la filière et soutenir la croissance économique. Olivier Salleron de conclure :
Les décisions prises par l’État auront un effet direct sur l’emploi et la trésorerie des entreprises. Le bâtiment reste un secteur stratégique : il conditionne la vitalité économique et la transition énergétique du pays conclut Olivier Salleron.