Après plusieurs années de consolidation, Biocoop change de dimension. Le leader français de la distribution spécialisée en produits bio a dévoilé un plan d’investissement de plusieurs dizaines de millions d’euros d’ici 2029. Objectif : renforcer son maillage territorial, accélérer sur l’e-commerce et rendre le bio plus accessible, tant sur le plan économique que culturel.
« La bio n’est plus en crise », a affirmé Frank Poncet, directeur général de Biocoop, en rappelant la solidité de l’enseigne : +8,5 % de ventes en 2024 (1,79 Md€ TTC) et +7,5 % de croissance au premier semestre 2025.
📊 Expansion et diversification des revenus
Pour dépasser rapidement le seuil symbolique des 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, Biocoop mise sur un développement à 360° :
Ouvertures de magasins : le réseau devrait passer de 740 à 900 points de vente d’ici 2029, avec une quinzaine de nouvelles implantations annuelles dès 2025.
E-commerce : aujourd’hui marginal (moins de 1 % des ventes), il devrait tripler voire quadrupler son poids.
Offre prix engagés : l’enseigne prévoit d’élargir son catalogue de 200 à 500 références accessibles, pour attirer une clientèle élargie.
Biocoop investit aussi dans de nouveaux canaux de croissance : la restauration collective (écoles, Ehpad, hôpitaux) dont le chiffre d’affaires est actuellement inférieur à 20 M€, mais qui devrait rapidement doubler, et une montée en puissance dans le commerce équitable, appelé à représenter 30 % de l’activité d’ici 2029 contre 25 % aujourd’hui.
🌱 L’appel du pied aux pouvoirs publics
La stratégie de Biocoop ne se limite pas à la rentabilité : elle s’inscrit dans une trajectoire durable. L’entreprise s’engage à :
atteindre 100 % de fruits et légumes français lorsque leur production est possible dans l’Hexagone (contre 87 % actuellement),
réduire de 25 % ses émissions carbone d’ici 2030,
accentuer son rôle dans la transition agricole et alimentaire.
Cependant, la coopérative dénonce un paradoxe politique.
Jamais les consommateurs n’ont été autant en attente de solutions saines et durables (…) et pour autant, jamais nos hommes et femmes politiques n’ont été aussi peu soutenants envers l’agriculture biologique
a regretté Henri Godron, président de Biocoop. Aussi les dirigeants appellent à :
la mise en place d’une mission d’inspection interministérielle sur le bio,
l’application effective de la loi Egalim (20 % de bio dans la restauration collective),
l’obligation pour tous les distributeurs de proposer une offre minimale en produits bio.
👁 L’œil de l’expert
Avec ce plan, Biocoop tente de conjuguer croissance économique et transition écologique, un pari risqué dans un contexte où le pouvoir d’achat reste contraint et où les géants de la grande distribution mènent une concurrence féroce. L’enseigne, qui revendique son modèle coopératif et militant, cherche à transformer sa taille en levier d’influence. Mais son avenir dépendra aussi de l’arbitrage des pouvoirs publics : sans un soutien clair à la filière biologique, l’ambition d’un bio accessible à tous risque de rester un horizon lointain.
