Le géant américain Boeing traverse une zone de fortes turbulences financières. Malgré des progrès notables sur le 737 MAX, le constructeur est à nouveau rattrapé par les retards du programme 777X, plombant ses comptes et inquiétant les marchés.
✈️ Un programme 777X à la dérive
Boeing a confirmé une charge colossale de près de 5 milliards de dollars (4,29 milliards d’euros) liée à de nouveaux retards sur son programme phare, le 777X. L’entreprise a annoncé que la première livraison de l’appareil ne se fera pas avant début 2027, soit sept ans après la date initialement prévue lors du lancement du programme en 2013.
Cette annonce prolonge une série noire pour le constructeur américain, déjà ébranlé par des années de problèmes de production et de qualité sur le 737 MAX, son autre appareil vedette.
Comme le souligne Kelly Ortberg, PDG de Boeing, une véritable « montagne de travail » reste à gravir avant d’obtenir la certification du nouvel avion. Il a toutefois tenu à rassurer : « Aucun nouveau problème technique n’a été identifié. »
En dépit de ces difficultés, Boeing maintient son objectif de montée en cadence sur le 737 MAX, soutenu par la récente autorisation de la FAA (Federal Aviation Administration) d’accroître la production mensuelle à 42 appareils, contre 38 précédemment. Cette décision marque un tournant après l’incident du panneau de porte arraché en plein vol, qui avait entraîné des restrictions sévères sur la chaîne d’assemblage.
📈 Des livraisons en hausse mais …
Sur le plan industriel, Boeing retrouve un semblant de rythme. En septembre, le groupe a livré 55 avions, son meilleur score mensuel depuis 2018, et un bond spectaculaire par rapport aux 33 livraisons enregistrées un an plus tôt.
Sur les neuf premiers mois de l’année, 440 avions ont été remis à leurs clients, contre 291 sur la même période en 2024, confirmant un redressement progressif de la production.
Mais derrière ces chiffres encourageants, les analystes restent prudents. Les livraisons constituent le poumon financier de Boeing, puisqu’elles déclenchent la majorité des paiements clients. Tout retard supplémentaire sur le 777X fragilise donc les flux de trésorerie et pourrait retarder le retour à la rentabilité.
Selon plusieurs analystes cités par Reuters, le constructeur « reste prisonnier d’un cercle de retards coûteux et d’attentes prolongées » qui pèsent sur la confiance des investisseurs et des compagnies aériennes clientes.
👁️ L’œil de l’expert
Pour les observateurs du secteur, Boeing joue désormais une partie d’équilibriste. Entre la nécessité d’assurer la qualité et la sécurité de ses appareils et la pression croissante de Wall Street pour restaurer ses marges, le groupe n’a plus droit à l’erreur.
La relance du 737 MAX offre un répit temporaire, mais les retards à répétition du 777X, censé rivaliser avec l’Airbus A350, pourraient compromettre ses ambitions à long terme. Tant que Boeing n’aura pas retrouvé une stabilité industrielle et réglementaire, sa valorisation boursière et sa crédibilité auprès des compagnies aériennes resteront fragiles.
Entre confiance à regagner et rentabilité à restaurer, Boeing doit désormais prouver qu’il peut à nouveau voler haut — sans turbulence.
