La Commission européenne a dévoilé le 30 septembre 2025 une stratégie ambitieuse pour éduquer financièrement les citoyens et mobiliser les milliards d’euros qui dorment sur les comptes bancaires. Dans une Union où près de la moitié de la richesse des ménages reste immobilisée en dépôts, Bruxelles entend créer un effet de levier économique en transformant l’épargne en investissement productif et en dynamisant l’accès aux marchés financiers.
🧑🎓 Une éducation financière pour tous les Européens
Aujourd’hui, moins de 20 % des citoyens européens disposent d’un haut niveau de connaissances financières, selon l’Eurobaromètre. Face à ce déficit, Bruxelles déploie un plan en deux volets :
1️⃣ Sensibilisation paneuropéenne et financement ciblé
La Commission prévoit une campagne massive pour renforcer la « littératie financière« , avec une mise en commun des meilleures pratiques nationales. L’exécutif européen insiste :
Avec la bonne combinaison de connaissances et de compétences financières, les citoyens peuvent mieux budgétiser, éviter les escroqueries et la fraude, économiser plus efficacement et se sentir mieux équipés pour investir pour leur avenir.
2️⃣ Comptes d’épargne et d’investissement simplifiés (SIAs)
Ces nouveaux instruments, accessibles via banques traditionnelles, néo-courtiers et sociétés d’investissement, offriront des avantages fiscaux et une fiscalité simplifiée. L’objectif : réduire les obstacles pour les particuliers et intégrer davantage de citoyens dans les circuits de financement de l’économie réelle.
Cette stratégie combine éducation et incitations économiques, transformant la connaissance en outil de mobilisation de l’épargne.
🚀 Mobiliser 11.500 milliards d’euros dormants
Selon la Fédération bancaire européenne, près de 11.500 milliards d’euros restent immobilisés sur des dépôts. Or, ces fonds pourraient stimuler l’investissement, soutenir les entreprises et renforcer la croissance européenne. À l’heure actuelle, seulement un tiers des Européens investissent en actions, alors que l’épargne massive pourrait devenir un capital productif.
Maria Luís Albuquerque, commissaire aux services financiers, explique :
Nous voulons donner à nos citoyens les incitations pour mettre réellement leurs économies au travail.
Une démarche ambitieuse qui repose sur la coopération avec les États membres, détenteurs des compétences fiscales. L’Union ne peut imposer la création des SIAs, chaque pays devra adapter cette initiative à son cadre fiscal national, rendant la coordination complexe mais stratégique.
La mise en œuvre se fera via :
Campagnes d’information massive : budgétisation, évaluation des risques, comparaison des produits financiers.
Soutien aux programmes nationaux et pilotes éducatifs pour écoles et adultes.
Suivi via indicateurs européens et nationaux, complété par les recommandations de l’EBF : intégration de l’éducation financière tout au long de la vie, évaluation systématique et partage des meilleures pratiques.
L’objectif est clair : transformer l’épargne passive en capital dynamique, renforcer l’autonomie économique des Européens et stimuler les marchés financiers sur le long terme.
👁️ L’œil de l’expert
Le plan de Bruxelles illustre une approche combinant éducation et politique économique pour libérer un capital sous-utilisé. Mais le succès dépendra de la capacité des États membres à harmoniser fiscalité, accessibilité bancaire et pédagogie financière.
Si la Commission parvient à mobiliser même une fraction des 11.500 milliards d’euros dormants, l’impact sur l’investissement, la croissance et la résilience économique européenne pourrait être considérable. L’Europe pourrait ainsi réduire sa dépendance aux financements extérieurs tout en renforçant la culture financière de ses citoyens, un atout majeur pour les décennies à venir.