Le gouvernement durcit le ton sur les dépenses sociales. Face à un déficit de la Sécurité sociale estimé à 23 milliards d’euros, le ministre du Travail et des Solidarités Jean-Pierre Farandou a confirmé, ce mardi 4 novembre, la suppression de la prime de Noël pour les foyers sans enfant dès 2026.
Cette décision, justifiée au nom de la rigueur budgétaire, illustre la volonté de l’exécutif de resserrer la voilure des aides sociales après plusieurs années d’efforts de soutien au pouvoir d’achat.
« L’État français a été très généreux et tant mieux. Mais la générosité qu’on a connue pendant des décennies est peut-être arrivée à son terme »
a déclaré Jean-Pierre Farandou sur France Inter. La mesure concernera notamment les bénéficiaires du RSA, de l’ASS et de l’AER, soit près de 2,5 millions de ménages. Jusqu’ici, cette prime de fin d’année, créée en 1998, représentait 152 € pour une personne seule et 228 € pour un couple sans enfant.
📉 Un nouveau risque social à long terme
Le projet de loi de finances 2026 acte une réduction drastique de l’enveloppe dédiée à cette aide : 261,5 millions d’euros, contre 466,5 millions un an plus tôt, soit près de 45 % de baisse. Un allègement comptable qui s’inscrit dans la stratégie de désendettement accéléré du gouvernement de Sébastien Lecornu, déterminé à réduire les déficits sociaux.
Pour Jean-Pierre Farandou, cette coupe s’impose par nécessité économique :
C’est pour cela qu’on est amené à faire des propositions qui peuvent sembler parfois un peu agressives pour les Français
a-t-il reconnu à France Inter. Mais derrière les chiffres, les économistes s’inquiètent des conséquences sociales immédiates. La suppression pour les ménages sans enfant pourrait toucher des personnes seules précaires, souvent sans emploi stable ni filet complémentaire, accentuant leur vulnérabilité financière en fin d’année, une période déjà marquée par l’inflation et la hausse des coûts de l’énergie.
Un calcul politique risqué
En matière d’équilibre budgétaire, le gouvernement cherche à envoyer un signal de sérieux financier à Bruxelles comme aux marchés. Mais ce choix pourrait avoir un coût politique élevé : selon plusieurs observateurs, cette décision risque de fragiliser la cohésion sociale et d’alimenter un sentiment d’abandon chez les plus modestes, dans un contexte où le pouvoir d’achat demeure la première préoccupation des Français.
Jean-Pierre Farandou a toutefois laissé la porte ouverte à des ajustements, affirmant être « prêt à remettre en cause » la mesure si une alternative budgétaire crédible était proposée.
👁️ L’œil de l’expert : rationalisation ou fracture ?
Derrière cette coupe emblématique se cache une mutation silencieuse de la politique sociale française. En supprimant une prime symbolique mais très ciblée, l’État cherche à recentrer son action sur les familles, tout en maîtrisant des comptes publics exsangues.
Cependant, cette orientation traduit une tension croissante entre exigence budgétaire et justice sociale. À court terme, elle allège les dépenses ; à long terme, elle risque d’amplifier les fractures entre foyers modestes, surtout dans les zones rurales et périurbaines.
Le véritable défi du gouvernement sera désormais de trouver un équilibre durable entre rigueur et solidarité, sans céder ni au populisme budgétaire, ni à la politique du chèque.





