À l’approche du débat parlementaire sur le budget 2026, le gouvernement cherche désespérément à équilibrer les comptes publics tout en maintenant le cap d’une relance fragile. Faute de marges de manœuvre, Bercy multiplie les pistes fiscales, ciblant désormais des produits du quotidien : tickets-restaurant, petits colis venus d’Asie et e-cigarettes. Si l’objectif affiché est de renflouer les caisses de l’État, ces mesures risquent d’alourdir indirectement la facture des ménages et des entreprises.
🍽️ Un quotidien qui devient fiscal
Face à une situation budgétaire tendue, le gouvernement mise sur une ingéniosité fiscale accrue. D’après les informations d’Europe 1, la commission des Finances examine plusieurs mesures de recettes inédites. Parmi elles, une taxe de 8 % sur les titres-restaurant et les chèques-vacances, considérés comme des “compléments de salaire”.
Selon une source proche du dossier, cette contribution — supportée par le patronat — pourrait rapporter près d’un milliard d’euros dès 2026. Mais cette manne pourrait s’accompagner d’un effet pervers : “Les entreprises risquent de réduire la distribution de ces avantages pour compenser la hausse des coûts”, confie un responsable du Medef.
Autre nouveauté : les liquides pour cigarettes électroniques seront eux aussi mis à contribution. La fiscalité du vapotage devrait être révisée, avec une hausse estimée entre 30 et 50 centimes par fiole, qu’elle contienne ou non de la nicotine. Une mesure symbolique mais qui pourrait générer plusieurs dizaines de millions d’euros, tout en rapprochant la taxation du vapotage de celle du tabac traditionnel.
Enfin, le commerce en ligne est dans le viseur de l’exécutif. Les petits colis en provenance de Chine et d’autres pays hors Union européenne seront désormais taxés à hauteur de 2 € par article, pour toute commande de moins de 150 €. Cette mesure, censée rétablir une “concurrence équitable” avec les e-commerçants européens, rapporterait environ 500 millions d’euros à l’État.
Nous devons cesser de subventionner indirectement les plateformes étrangères par des régimes fiscaux désuets
a déclaré un membre de la majorité.
📉 Stratégie risquée pour la consommation
Derrière ces mesures ciblées se cache une logique de rendement : trouver rapidement plusieurs milliards d’euros pour contenir le déficit public, attendu autour de 5 % du PIB en 2026. Mais les économistes redoutent un effet inflationniste indirect, à rebours des objectifs de relance de la consommation.
Les ménages seront impactés de manière diffuse : entre la baisse possible des avantages salariaux, la hausse du coût des livraisons en ligne et celle des produits de vapotage, la pression fiscale “du quotidien” se renforce. Les entreprises, elles, craignent un alourdissement du coût du travail et un risque de découragement de la consommation.
Selon plusieurs analystes, ces micro-taxes, censées rapporter “peu mais souvent”, traduisent surtout une fatigue fiscale généralisée.
Le gouvernement racle les fonds de tiroir, faute de réforme structurelle sur les dépenses
estime un économiste interrogé par Les Échos. D’autant que ces nouvelles recettes restent fragiles : le comportement des consommateurs pourrait rapidement s’adapter, réduisant l’efficacité du dispositif. Moins de commandes en ligne, moins de tickets-resto distribués, moins de vapoteurs… autant de comportements susceptibles d’amputer le rendement espéré.
👁️ L’œil de l’expert
Ces nouvelles taxes traduisent avant tout l’épuisement des marges fiscales d’un État en quête de financement. En l’absence d’une croissance robuste et avec un déficit persistant, Bercy cherche à diversifier les sources de recettes, au risque d’éroder la confiance des ménages et du tissu économique.
Si la taxation des plateformes internationales répond à une logique d’équité concurrentielle, celle des tickets-resto ou du vapotage envoie un signal plus négatif : celui d’un gouvernement contraint d’élargir la base fiscale jusqu’aux comportements de la vie courante.
En 2026, la France risque donc de se retrouver face à un paradoxe : une fiscalité plus large mais moins efficace, freinant la consommation sans pour autant redresser durablement les comptes publics.