À l’approche des grands départs et d’un week-end clé avant les fêtes, la guerre des prix sur le carburant repart de plus belle dans la grande distribution. Intermarché a dégainé en premier en annonçant une opération nationale de carburant à prix coûtant, un levier devenu central pour capter les flux de consommateurs et doper le chiffre d’affaires global des magasins. Derrière ce geste en apparence favorable au pouvoir d’achat, se cache une stratégie économique bien rodée, assumée publiquement par Thierry Cotillard, président du groupement Les Mousquetaires.
⛽️ Un pari économique calculé
Intermarché activera l’ensemble de son réseau de stations-service à prix coûtant sur le carburant durant le week-end des 19 et 20 décembre. Une décision confirmée par Thierry Cotillard sur TF1, qui précise que « toutes les stations du groupe Intermarché seront à prix coûtant ». L’objectif affiché est double : soutenir les automobilistes dans un contexte de prix encore élevés à la pompe, tout en maximisant l’affluence en magasin à un moment clé du calendrier commercial.
Sur le plan macroéconomique, le timing est stratégique. Selon les données du ministère de la Transition écologique, le litre de gazole s’établit autour de 1,60 euro en moyenne, en repli notable par rapport aux 1,69 euro constatés trois semaines plus tôt. Même dynamique pour le SP95-E10, désormais proche de 1,67 euro. Thierry Cotillard rappelle toutefois que le gazole reste « autour de 1,55 euro » dans certaines stations, justifiant ainsi l’intérêt d’une opération exceptionnelle pour maintenir l’attractivité prix.
Derrière le carburant vendu sans marge, Intermarché mise sur un effet de halo commercial. L’afflux massif d’automobilistes génère mécaniquement une hausse des ventes sur les produits à forte marge, notamment les produits festifs. Le dirigeant du groupement souligne d’ailleurs que la période à venir représente le pic annuel de chiffre d’affaires, en particulier en province, où « le moment est à ne pas louper ». À titre d’exemple, les plateaux de fruits de mer peuvent peser jusqu’à 15 % du chiffre d’affaires d’un magasin sur cette période, contre seulement 3 à 4 % en temps normal.
La dimension concurrentielle est également centrale. Thierry Cotillard assume ouvertement la rivalité avec Leclerc, évoquant une « compet’ » permanente avec « les Bleus ». Les chiffres confirment cette tension : selon Auto-Moto, les deux enseignes affichaient récemment les prix les plus bas du marché sur le SP95-E10, à 1,552 euro pour Intermarché et 1,558 euro pour Leclerc dans certaines stations. Une bataille au centime près, révélatrice d’un secteur où le carburant est devenu un produit d’appel plus qu’un centre de profit.
👁️ L’œil de l’expert
Cette opération à prix coûtant illustre parfaitement l’évolution du modèle économique de la grande distribution. Le carburant n’est plus pensé comme une source de marge directe, mais comme un puissant outil de captation de trafic et de fidélisation. Dans un contexte de baisse relative des prix à la pompe et de forte concurrence entre enseignes, Intermarché utilise le carburant comme un accélérateur de chiffre d’affaires global, en maximisant les ventes sur les rayons stratégiques des fêtes. À court terme, la marge sacrifiée sur l’essence est largement compensée par l’augmentation du panier moyen, confirmant que le carburant reste l’un des leviers marketing les plus efficaces du commerce alimentaire français.

