Alors que les projecteurs sont braqués sur le Moyen-Orient, une série de frappes aériennes ciblant les infrastructures nucléaires et militaires iraniennes provoque une onde de choc sur les marchés financiers mondiaux. ️
Entre flambée des prix du pétrole, ruée vers l’or et chute des Bourses, les investisseurs revoient en urgence leurs arbitrages. L’économie mondiale, déjà en équilibre précaire, subit un nouveau test de résistance face à une crise géopolitique qui pourrait bien redéfinir les équilibres énergétiques et financiers pour les mois à venir.
️ Pétrole : des prix en ébullition, la menace du détroit d’Ormuz en ligne de mire
Le marché pétrolier réagit avec une nervosité extrême à la nouvelle escalade. L’Iran, huitième producteur mondial de brut, se retrouve au centre d’un scénario à haut risque. Après une envolée nocturne de plus de 12 %, le baril de WTI progresse encore de 5,60 %, atteignant 71,85 dollars, tandis que le Brent grimpe à 73,11 dollars (+5,41 %). Une telle volatilité n’avait pas été observée depuis des mois.
Au cœur des inquiétudes : le détroit d’Ormuz, artère névralgique par laquelle transite près de 20 % du pétrole mondial et une part encore plus significative du gaz naturel liquéfié (GNL). Comme le rappelle Derren Nathan, analyste chez Hargreaves Lansdown,
le simple risque d’un blocage dans le détroit fait planer une menace majeure sur l’approvisionnement énergétique mondial
Une opinion partagée par Ipek Ozkardeskaya, de Swissquote, qui précise : « environ un cinquième du GNL mondial passe par cette zone ».
Ce regain de tension ravive le spectre d’un choc énergétique mondial, à un moment où la stabilité des chaînes d’approvisionnement est déjà fragilisée par les conflits et la transition énergétique.
Marchés actions et devises : tempête sur les Bourses, repli stratégique des investisseurs
Face à ce climat d’incertitude extrême, les investisseurs fuient les actifs risqués au profit des valeurs refuge. L’or, actif emblématique des périodes de crise, enregistre une hausse notable à 3 409 dollars l’once (+0,69 %). Simultanément, les grandes Bourses asiatiques et européennes s’enfoncent : Paris (-1,13 %), Francfort (-1,32 %), Milan (-1,50 %), Londres (-0,57 %), sans oublier Tokyo (-0,89 %) ou Séoul (-0,87 %).
Le marché des changes n’échappe pas à la tourmente. Le dollar américain gagne du terrain face à l’euro (+0,27 % à 1,1553), tandis que le shekel israélien dévisse de près de 2 %, à 3,6284 pour un dollar.
L’incertitude quant à la réponse iranienne renforce l’anxiété. Pour Jim Reid, économiste à la Deutsche Bank,
tout dépend désormais de la réaction de Téhéran
Et Stephen Innes, de SPI Asset Management, d’ajouter :
une riposte forte de l’Iran pourrait totalement rebattre les cartes macroéconomiques de l’année 2025.
️ Défense et énergie : valeurs refuge et secteurs stratégiques à la manœuvre
Certains titres tirent néanmoins leur épingle du jeu. Dans ce contexte explosif, les valeurs liées à la défense s’envolent. Les investisseurs anticipent un renforcement des dépenses militaires en Europe et au Moyen-Orient.
À Paris, Thales gagne 0,88 % et Dassault Aviation 1,25 %. En Allemagne, Rheinmetall prend 1,29 % et Hensoldt 2,55 %. À Londres, BAE Systems grimpe de 2,57 %, tandis que Saab (+2,07 %) et Leonardo (+1,88 %) affichent également de solides hausses.
Autre gagnant : le secteur pétrolier, dopé par l’envolée des cours. TotalEnergies s’adjuge 1,90 %, Shell 1,99 %, BP 1,69 % et Repsol 1,18 %. Ces performances illustrent bien comment les tensions géopolitiques peuvent servir de catalyseur à certains pans de l’économie, malgré un contexte globalement dégradé.
️ L’œil de l’expert : des marchés à bout de souffle
À la veille d’un week-end à haut risque, les investisseurs montrent une prudence extrême.
Beaucoup d’acteurs préfèrent réduire leur exposition plutôt que de spéculer sur l’évolution du conflit
note encore Ozkardeskaya. L’issue reste incertaine, mais les implications pourraient s’avérer profondes, notamment si la confrontation venait à s’intensifier. La situation actuelle rappelle que les marchés ne réagissent pas seulement aux fondamentaux économiques, mais aussi – et parfois surtout – à la géopolitique. Entre énergie, défense, diplomatie et instabilité régionale, le cocktail est explosif. Et les conséquences pourraient dépasser largement les frontières du Moyen-Orient.
