Alors que les chiffres du chômage publiés par la Dares pour le deuxième trimestre 2025 laissent croire à une amélioration de la situation, une lecture plus fine révèle un marché de l’emploi qui continue de se dégrader discrètement. En apparence, les indicateurs sont positifs. Mais une fois neutralisés les effets des dernières réformes, le nombre réel de demandeurs d’emploi repart à la hausse. Une dynamique qui interroge sur l’efficacité des politiques actuelles de retour à l’emploi et sur leur durabilité économique.
📊 Des chiffres corrigés qui changent la donne
La Dares a annoncé une baisse de 5,7 % du nombre d’inscrits en catégorie A à France Travail entre avril et juin 2025. Cette catégorie regroupe les demandeurs sans aucune activité. Mais cette baisse spectaculaire est trompeuse, car elle résulte d’ajustements administratifs et non d’une véritable amélioration conjoncturelle.
En réalité, une fois corrigés des effets de la réforme d’actualisation des dossiers mise en place en janvier, ainsi que du décret de juin 2025 sur le renforcement des sanctions, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A progresse de 0,2 %. Pour les catégories A, B et C (personnes tenues de rechercher un emploi, avec ou sans activité partielle), la hausse atteint 0,9 %, soit 126 000 demandeurs d’emploi supplémentaires en tendance réelle.
Ces données corrigées traduisent une dégradation masquée du marché du travail, en contradiction avec les apparences.
Selon la Dares :
« Il est estimé qu’en l’absence de ces deux modifications, l’évolution du nombre d’inscrits aurait été de +0,2 % pour la catégorie A et de +0,9 % pour les catégories A, B, C. Ce sont ces évolutions qui reflètent le mieux la situation conjoncturelle du marché du travail. »
Cette distinction est essentielle, car les réformes en cours ont un impact mécanique sur les statistiques, rendant difficile la lecture de la dynamique réelle de l’emploi. Au premier trimestre, les chiffres avaient déjà été influencés par l’inscription automatique des allocataires du RSA, autre facteur perturbateur des données.
👁️ L’œil de l’expert : un risque de déséquilibre structurel
Sous l’angle économique, cette correction à la hausse des chiffres du chômage interpelle : le marché du travail français semble de plus en plus tributaire d’ajustements réglementaires, plutôt que de créations nettes d’emploi.
La progression du chômage, bien que masquée, s’accompagne de signaux d’alerte : ralentissement économique, inflation contenue mais persistante (surtout l’inflation alimentaire), pressions sur les dépenses sociales. Si la tendance haussière se confirme sur les prochains trimestres, cela pourrait remettre en cause les trajectoires budgétaires du gouvernement, qui œuvre à un retour à l’équilibre des comptes publics.
Autre enjeu majeur : la soutenabilité des dispositifs d’accompagnement. Les sanctions renforcées et l’actualisation obligatoire peuvent temporairement faire baisser les chiffres officiels, mais elles ne règlent pas les problèmes structurels du chômage de longue durée et du sous-emploi.
En somme, la photographie du chômage au 2e trimestre 2025 illustre une amélioration statistique, mais pas économique. Et cette distinction est capitale pour anticiper les réformes nécessaires à un retour réel à l’emploi durable et inclusif.