La France vient de se transformer, l’espace d’une journée, en véritable hub stratégique pour ses propres champions nationaux. Pour la première fois, l’édition « Choose France » se consacre exclusivement aux entreprises tricolores, un virage symbolique alors que le climat politique crée une atmosphère d’attentisme. Pas moins de 151 projets ont convergé vers Paris, portés par les grands groupes de l’économie hexagonale, dessinant un paysage d’investissements massifs qui confirme la volonté de renforcer l’assise industrielle du pays.
🇫🇷 Une mobilisation financière sans précédent
Alors que les entreprises expriment leurs interrogations face aux turbulences politiques, l’édition actuelle du sommet a paradoxalement donné lieu à une déferlante d’annonces économiques. Selon les données communiquées par le ministère de l’Économie, l’ensemble des programmes présentés représente 30,4 milliards d’euros, articulés autour de 21,2 milliards d’investissements déjà engagés sur l’année écoulée et surtout 9,2 milliards de projets entièrement nouveaux.
Le projet porté par cet évènement n’est rien d’autre que de dynamiser toute l’industrie de la France, dans tous les domaines. Une ambition qui se lit dans la variété des secteurs concernés : énergie, transition écologique, numérique, santé, chimie, tourisme ou agroalimentaire.
Des investissements stratégiques pour renforcer la souveraineté – Parmi les annonces majeures, certains projets illustrent une volonté claire de consolider la production nationale et de réindustrialiser des segments jugés critiques :
Sanofi engagera environ 700 millions d’euros sur la période 2025-2026, combinant prolongation de projets existants et nouvelles initiatives encore confidentielles.
Urgo confirme la construction d’une nouvelle unité industrielle dans la Loire, représentant un effort financier évalué à 60 millions d’euros sur cinq ans, renforçant ainsi la filière des dispositifs médicaux.
Safran, acteur clé de l’aéronautique, débloque plus de 450 millions d’euros pour implanter une usine dédiée aux freins carbone dans l’Ain.
Dans l’agroalimentaire, Danone lance un plan de 300 millions d’euros pour relocaliser et intensifier ses lignes de production, avec une cible précise : rapatrier 45 000 tonnes supplémentaires de produits d’ici quatre ans.
🔄 Un nouvel écosystème en gestation
Si cette édition « Choose France » revue et recentrée marque un tournant, c’est aussi parce qu’elle révèle une stratégie collective : transformer les champions nationaux en piliers de la compétitivité à long terme. Le choix d’ouvrir le sommet exclusivement aux entreprises françaises — une première — a permis de recentrer l’attention sur les enjeux domestiques, dans un contexte où chaque indicateur économique est scruté avec prudence.
En se recentrant sur le made in France, « Choose France 2025 » vise à redonner de la visibilité aux entreprises tout en consolidant une base productive essentielle pour l’économie.
Une dynamique à confirmer – Le déploiement de 151 projets démontre une volonté d’investir sur l’ensemble du territoire. Mais derrière cette avalanche de milliards, une interrogation demeure : ces engagements pourront-ils soutenir durablement la réindustrialisation, ou ne constituent-ils qu’un signal ponctuel dans un environnement mondial encore instable ?
Si la France renforce sa capacité à attirer les investissements domestiques, l’enjeu sera désormais d’assurer l’exécution rapide des projets annoncés, de faciliter les implantations industrielles et de garantir une cohérence globale entre politiques publiques, innovation et financements privés.
👁️ L’œil de l’expert : pari ambitieux et fragile
Cette édition « Choose France » centrée sur les acteurs nationaux envoie un message clair : la France cherche à consolider son socle industriel en accélérant les investissements structurants. Les montants engagés, impressionnants, traduisent un retour de la confiance — au moins partielle — des grandes entreprises.
Cependant, l’histoire économique récente l’a souvent montré : l’impulsion initiale ne suffit pas. Le véritable défi réside dans la capacité du pays à convertir ces annonces en actifs tangibles, à fluidifier les procédures administratives, à stabiliser son cadre politique et à préserver son attractivité fiscale.





