La disparition de l’équipe Arkéa – B&B Hotels marque la fin d’une aventure sportive mais surtout financièrement complexe. Emmanuel Hubert, son dirigeant, a confirmé la nouvelle ce mercredi 15 octobre, faute de sponsor pour maintenir la structure. Une annonce qui illustre les difficultés économiques persistantes du cyclisme professionnel, où le financement des équipes dépend quasi intégralement de partenaires privés et de garanties bancaires.
Avec 150 salariés, dont 27 coureurs masculins, 13 féminins et 12 jeunes, la formation bretonne disparaît après plus de 20 ans d’existence et plusieurs titres nationaux. L’histoire sportive se mêle ici à une réalité économique implacable : sans sponsors, même une équipe historique ne peut survivre.
🚲 Une structure dépendante des sponsors
Le problème de financement est au cœur de cette disparition. Emmanuel Hubert n’a pas réussi à sécuriser un partenaire commercial à la date butoir pour déposer les garanties bancaires auprès de l’UCI, condition sine qua non pour participer à la saison suivante.
Sans réelle alternative à ce jour, j’ai annoncé la disparition de la structure à nos salariés
a déclaré Emmanuel Hubert à L’Équipe. Le modèle économique des équipes de cyclisme professionnel repose presque exclusivement sur les sponsors privés, souvent instables et liés à des contrats à court terme. L’absence de financement illustre la fragilité financière du sport professionnel français, malgré les performances et le rayonnement international de la structure.
Même l’option de repartir en Continental, troisième échelon professionnel, semble illusoire. Cela démontre que, sans ressources stables, le niveau sportif n’est pas suffisant pour garantir la survie économique d’une équipe.
🏦 Conséquences économiques et sociales
La disparition d’Arkéa – B&B Hotels a un impact immédiat sur l’économie interne de l’équipe et plus largement sur le cyclisme français :
150 salariés se retrouvent sans emploi, dont 40 coureurs professionnels et de nombreux membres du staff technique.
Les investissements en formation et infrastructures, réalisés depuis 2005 et renforcés sous la direction de Hubert depuis 2018, sont perdus.
La région Bretagne, traditionnellement impliquée dans le sport cycliste, perd un acteur économique et médiatique majeur, qui contribuait aussi au tourisme sportif et à l’attractivité locale.
L’équipe avait remporté plusieurs titres nationaux, notamment avec Dimitri Champion (2009) et Warren Barguil (2019). Ces succès, bien que symboliques, n’ont pas suffi à sécuriser un financement pérenne.
Cette situation illustre la vulnérabilité économique des équipes professionnelles, souvent exposées aux aléas du sponsoring et à la pression de rentabilité, même lorsqu’elles bénéficient d’un palmarès historique.
👁️ L’œil de l’expert
La fin d’Arkéa – B&B Hotels n’est pas seulement une perte sportive, elle met en lumière un modèle économique fragile : le cyclisme professionnel français dépend fortement des sponsors privés et de garanties bancaires. Sans diversification des revenus (merchandising, droits TV, partenariats locaux), même des équipes historiques restent exposées à la disparition.
Pour les dirigeants sportifs et financiers, ce cas rappelle l’importance de prévoir des modèles hybrides, mêlant financement public, sponsoring privé et innovations économiques pour sécuriser la pérennité des équipes. La Bretagne, mais aussi le cyclisme français dans son ensemble, doit repenser ses stratégies de soutien économique et territorial pour éviter de perdre d’autres structures emblématiques.