La Banque de France a confirmé une croissance modérée de l’économie française au troisième trimestre 2025, estimée à +0,3 %, un rythme identique à celui du trimestre précédent. Si les services et l’industrie manufacturière soutiennent cette dynamique, les secteurs de la construction et de l’énergie marquent le pas. En toile de fond, les incertitudes politiques et commerciales, couplées à des tensions sectorielles, nourrissent les inquiétudes des entreprises.
🚀 Une croissance portée par les services et l’industrie manufacturière
D’après son enquête mensuelle de conjoncture, la Banque de France constate que la valeur ajoutée reste tirée par les services marchands et non marchands, confirmant leur rôle de pilier de l’activité économique. L’industrie manufacturière contribue également positivement, en particulier grâce à la production aéronautique, en forte progression.
En revanche, d’autres branches industrielles marquent un net ralentissement. Le secteur automobile, le caoutchouc et le textile ont vu leur activité diminuer en août, signe que les disparités persistent entre filières.
Cette prévision de +0,3 % reste entourée d’une plus grande incertitude qu’habituellement
a souligné Olivier Garnier, chef économiste de la Banque de France, lors d’une présentation à la presse.
Les difficultés s’accentuent dans la construction et l’énergie, qui enregistrent un recul de la valeur ajoutée. Pourtant, paradoxalement, le bâtiment ne prévoit pas de contraction nette de son activité. Selon l’institution, malgré les fermetures estivales, le secteur a maintenu sa dynamique en août, dépassant même les attentes formulées en juillet par les chefs d’entreprise.
⚠️ Les menaces pour l’investissement
La croissance actuelle ne masque pas la fragilité du climat économique. La Banque de France relève une forte remontée de l’incertitude, alimentée à la fois par le contexte politique français — marqué par la chute du gouvernement de François Bayrou — et par les droits de douane américains imposés par Donald Trump. Ces derniers ont affecté une large partie de l’industrie exportatrice française. Toutefois, en août, la banque centrale a observé qu’il n’y avait pas eu de « dégradation significative » dans les carnets de commandes.
L’incertitude perçue par les entreprises atteint désormais des niveaux « supérieurs à ceux du moment de la dissolution » et se rapproche de ceux « observés pendant la crise énergétique de 2022 », selon Olivier Garnier. Cette perception peut peser lourdement sur les choix d’investissement, la planification des projets et l’emploi dans certains secteurs sensibles, comme le bâtiment ou l’industrie lourde.
La Banque de France doit publier lundi ses projections pour 2025-2027, tandis que Christine Lagarde, présidente de la BCE, présentera jeudi ses prévisions pour l’ensemble de la zone euro. Ces annonces seront scrutées de près, car elles donneront des indications cruciales sur l’orientation de la politique monétaire et sur la résilience de la croissance européenne face aux turbulences mondiales.
👁 L’œil de l’expert : besoin de visibilité
L’économie française résiste mieux que prévu en affichant une croissance stable de +0,3 %. Mais ce chiffre cache une réalité plus contrastée : une dépendance accrue aux services et quelques poches de dynamisme industriel d’un côté, et de l’autre, des incertitudes qui fragilisent la confiance des entreprises.
Le véritable enjeu se situe désormais sur le terrain de la visibilité économique et politique. Sans un climat plus stable, les investissements risquent d’être freinés, réduisant la capacité de l’économie à maintenir ce rythme de croissance à moyen terme. L’évolution des relations commerciales avec les États-Unis et la politique de la BCE seront déterminantes pour éviter un décrochage dans les prochains trimestres.