Alors que François Bayrou pourrait perdre la confiance de l’Assemblée nationale le lundi 8 septembre prochain, l’avenir de son gouvernement s’écrit déjà en pointillés. Démission ou censure, les ministres sortants quitteront leur poste respectif, entraînant la fin de leurs fonctions… mais pas forcément de leurs avantages financiers. Derrière les grandes manœuvres politiques, une autre question se pose : combien coûtent réellement les indemnités et privilèges accordés aux anciens ministres et Premiers ministres ?
🏷 Le prix du départ des ministres
La loi prévoit qu’un ministre perçoive, après son départ, une indemnité mensuelle équivalente à son traitement, soit environ 9 440 € bruts, et ce pendant trois mois. Cette allocation est automatique, indépendamment de la durée passée au gouvernement. Deux conditions cependant : ne pas reprendre d’activité rémunérée et déclarer intégralement son patrimoine auprès de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP), une règle introduite en 2013 après l’affaire Cahuzac.
Durant leur mandat, les ministres bénéficient d’un logement de fonction d’environ 80 m² à Paris, de la gratuité des trains en première classe, d’un quota de vols en avion, d’une voiture avec chauffeur et d’une protection policière. Mais au moment de la passation de pouvoir, tout s’arrête… ou presque. Comme le rappelle René Dosière, président de l’Observatoire de l’éthique publique, « il y a une forme de coutume autour de certains avantages, notamment la voiture avec chauffeur pour les anciens ministres régaliens ».
Ces dispositifs ont un coût non négligeable pour les finances publiques : en 2023, la facture liée aux avantages des anciens Premiers ministres a atteint 1,42 million d’euros, en hausse de 11 % sur un an, selon un rapport de la députée Marie-Christine Dalloz.
🏛️ Le cas particulier des Premiers ministres : privilèges à vie ?
Si les ministres quittent rapidement leurs avantages, les Premiers ministres bénéficient, eux, de dispositions spécifiques. Selon le décret en vigueur, ils peuvent obtenir un secrétariat particulier pendant dix ans, à condition d’avoir moins de 67 ans lors de leur départ. Âgé de 74 ans, François Bayrou, actuel locataire de Matignon, ne pourra donc pas y prétendre. En revanche, il pourra exiger une voiture de fonction avec chauffeur, prise en charge par l’État.
Michel Barnier, précédent premier ministre, avait souligné, dans son projet de loi de finances pour 2025, la nécessité d’un train de vie gouvernemental « plus sobre et plus simple », appelant ses prédécesseurs à « un effort ». Ses mots résonnent d’autant plus fort aujourd’hui, alors que les avantages accordés aux anciens dirigeants restent dans le viseur des citoyens et des parlementaires.
👁️ L’œil de l’expert : train de vie…
Derrière la crise politique qui se profile, se cache une réalité budgétaire : chaque changement de gouvernement coûte des millions à l’État. Les indemnités automatiques, les avantages en nature et les privilèges attachés aux hautes fonctions interrogent sur leur légitimité à l’heure où la rigueur budgétaire est affichée comme une priorité. Si une dissolution ou un nouveau gouvernement se confirme, la facture s’alourdira encore. L’équation entre stabilité politique et responsabilité financière devient, plus que jamais, un enjeu central.