Icône de la table française depuis 80 ans, Duralex traverse une période décisive. Après avoir frôlé la disparition au printemps 2024, la célèbre verrerie d’Orléans — désormais reprise par ses salariés sous forme de coopérative — lance une campagne inédite pour consolider son redressement. Son directeur général, François Marciano, a confirmé à l’AFP une levée de fonds participative de 5 millions d’euros, une opération à la fois financière, sociale et symbolique. Objectif : renforcer les fonds propres, moderniser l’appareil productif et prouver qu’un patrimoine industriel français peut renaître grâce à l’investissement citoyen.
📊 Une levée de fonds pour consolider la relance
Duralex, dont le chiffre d’affaires 2025 devrait atteindre 33 millions d’euros, reste en quête d’équilibre financier. Pour atteindre le seuil de rentabilité, la société doit franchir la barre des 35 millions d’euros, avant d’envisager une croissance plus ambitieuse vers 39 millions d’euros d’ici 2030.
Afin d’y parvenir, l’entreprise mise sur des titres participatifs accessibles dès 100 €, offrant un rendement attractif de 8 % par an pendant sept ans, partiellement défiscalisés. Ces instruments financiers hybrides — mi-obligations, mi-actions, mais sans droit de vote — seront distribués sur une plateforme en ligne dès le 3 novembre (phase de réservation) puis mi-novembre pour le lancement officiel.
François Marciano précise :
Nous appellerons prochainement les Français à investir dans des parts participatives avec un rendement incitatif, pour nous permettre de trouver cinq millions d’euros
Un discours qui fait écho à une nouvelle forme de financement industriel, plus collaborative et ancrée dans la solidarité nationale.
Le dirigeant reconnaît toutefois le risque pour les particuliers : « Ce placement n’est pas garanti, les investisseurs peuvent perdre leur mise. Mais derrière, 243 salariés se battent chaque jour et ont déjà fait leurs preuves. » Cette transparence, couplée à un rendement élevé, traduit une stratégie de reconquête de confiance, tant des investisseurs que des consommateurs.
🔧 La triple ambition de Duralex
Modernisation, innovation et ancrage territorial. Au-delà de l’urgence financière, Duralex cherche à préparer l’avenir. Les fonds levés permettront de financer l’achat de nouvelles machines, le développement de modèles innovants et la poursuite de collaborations stratégiques.
L’entreprise entend notamment capitaliser sur son image patrimoniale et durable, en s’associant à des marques et figures emblématiques : après son opération réussie avec La Poste et Stéphane Bern, la verrerie souhaite multiplier les projets à forte valeur symbolique.
Malgré des résultats encore fragiles, la trajectoire demeure « conforme au plan de sauvegarde validé par le tribunal de commerce », assure François Marciano. Un signal encourageant pour les 243 coopérateurs et les acteurs locaux mobilisés autour d’un projet qui dépasse les frontières économiques : celui de la sauvegarde d’un savoir-faire français et d’emplois qualifiés.
👁️ L’œil de l’expert : un modèle inspirant
Pour les économistes industriels, le cas Duralex illustre la montée en puissance de la finance participative dans la réindustrialisation française. Si le rendement proposé (8 %) attire, il traduit aussi la prise de risque inhérente à un modèle encore fragile.
Cependant, dans un contexte où les épargnants cherchent à donner du sens à leurs placements, l’investissement citoyen dans une entreprise patrimoniale offre un double levier : soutenir l’emploi local tout en valorisant son capital.
En somme, Duralex joue son avenir entre solidarité et rentabilité, entre patrimoine et modernité. Si la levée de fonds atteint son objectif, elle pourrait devenir un cas d’école de redressement industriel participatif, symbolisant la capacité des Français à sauver, ensemble, leurs icônes économiques.