La filière sportive française ne se limite plus à l’émotion des exploits ou à la pratique amateur. Selon une nouvelle étude de BPCE L’Observatoire, relayée par l’AFP, le secteur représente désormais 2,7 % du produit intérieur brut (PIB) de la France en 2024. Cette donnée, récemment publiée, met en lumière une contribution économique majeure, soutenue notamment par les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, et révèle l’importance des dépenses des ménages, de l’investissement public et de la structure productive du secteur sportif. Au-delà de la performance sportive, c’est un véritable écosystème économique qui se développe, avec des enjeux financiers, structurels et territoriaux.
🏃♂️➡️ Une filière sportive qui s’affirme et se structure
Contribution directe au PIB et croissance des entreprises sportives – L’étude publiée par BPCE montre qu’en 2024, l’ensemble des activités liées au sport en France a généré l’équivalent de 78 milliards d’euros, soit 2,7 % du PIB national. Cette part, en légère augmentation par rapport aux éditions précédentes, s’explique en partie par l’impact des Jeux olympiques et paralympiques de Paris qui ont stimulé à la fois la fréquentation d’événements, les dépenses en biens sportifs et les investissements dans les infrastructures. Comme l’a résumé José Bardaji, directeur des études et prospective du groupe BPCE, « 2,7 % du PIB, c’est un peu plus que ce que nous avions estimé les années précentes, avec un effet Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024 à l’évidence ».
Cette contribution macro-économique inclut la consommation des ménages en biens et services sportifs (équipements, prestations, loisirs), l’investissement des entreprises et des collectivités territoriales dans les installations et infrastructures, et enfin les dépenses publiques contribuant au fonctionnement et au soutien des activités sportives.
Un tissu d’entreprises en expansion, mais hétérogène – La filière sportive française est composée d’environ 147 000 entreprises en 2024, soit une progression de 31 % par rapport à 2019, selon BPCE. La majorité de ces structures sont de micro-entreprises sans salariés, très présentes dans l’éducation, le coaching ou les services autonomes, mais une part moindre concentre la majorité du chiffre d’affaires global.
Cette structuration traduit une économie du sport qui combine donc l’innovation et diversification des pratiques, avec une montée des activités hybrides ou de loisir; avec une forte présence du secteur non marchand, notamment via les clubs et associations ; et encore une portion significative de grandes entreprises et PME structurées, qui assurent l’essentiel des revenus industriels et commerciaux.
Le rôle central des collectivités territoriales dans le financement sportif – L’étude souligne également le rôle de premier plan des collectivités locales dans le financement du sport. Avec plus de 24 milliards d’euros de dépenses publiques en 2024, elles couvrent une part considérable des investissements dans les équipements sportifs, les salaires d’encadrement ou encore le soutien aux associations. Parmi ces contributions, les communes représentent à elles seules près de 9,7 milliards d’euros, un pivot financier essentiel pour maintenir l’offre territoriale d’activités physiques.
Cette implication publique, bien qu’essentielle, met en lumière un défi financier : celui de rénover un parc d’infrastructures vieillissant, notamment les piscines et gymnases, tout en maîtrisant les charges liées à leur fonctionnement.
👁️ L’œil de l’expert
L’intégration du sport dans les dynamiques économiques françaises dépasse désormais la seule dimension culturelle ou sociale. Atteindre 2,7 % du PIB en 2024 confirme que le sport est un secteur économique stratégique, générateur de richesse, d’emploi et d’innovation. Toutefois, cette performance n’est pas exempte de défis.
Points clés à retenir pour les décideurs économiques et financiers :
La consommation des ménages est le premier moteur de cette contribution au PIB, ce qui souligne l’importance de soutenir le pouvoir d’achat lié aux biens et services sportifs.
La forte croissance du nombre d’entreprises met en évidence la nécessité de structurer davantage le secteur pour accroître sa compétitivité, notamment face aux chocs externes ou aux fluctuations macroéconomiques.
Le rôle prépondérant des collectivités territoriales dans le financement sportif souligne l’enjeu de trouver un équilibre durable entre investissement public et attractivité économique du sport.
Enfin, bien que déjà significative, l’estimation actuelle du poids du sport dans le PIB peut encore être sous-évaluée, car elle ne prend pas entièrement en compte des effets non marchands essentiels, tels que le bénévolat, qui constitue un pilier du fonctionnement associatif dans le sport. Cette réalité suggère que la valeur économique du sport en France pourrait être encore plus élevée si l’on intègre ces contributions indirectes.
Avec des terrains d’opportunités encore vastes — digitalisation, événements internationaux, filières industrielles innovantes — la filière sportive française est appelée à jouer un rôle toujours plus central dans la stratégie économique du pays.

