“Vacances à crédit” : le boom du paiement fractionné pour les séjours à l’autre bout du monde
Une révolution tranquille des dépenses touristiques : en quelques années, le paiement fractionné s’est imposé comme une petite révolution dans l’univers des vacances. Loin des clichés sur le crédit réservé aux gros achats comme une voiture ou un bien immobilier, cette solution s'invite désormais au cœur des loisirs et des escapades touristiques. Du billet d’avion pour Tokyo au séjour au Parc Astérix, les Français sont de plus en plus nombreux à étaler leurs dépenses de vacances — même pour des montants modestes — grâce à des offres de règlement en 3, 4 fois, voire différées. Un phénomène boosté par l’inflation, le besoin de flexibilité et une adoption massive du numérique, qui bouscule les habitudes… et le secteur tout entier.
🧾 La mécanique du “buy now, pay later”
Le “BNPL” (Buy Now, Pay Later) s’invite de plus en plus au moment du panier final, y compris dans le tourisme. Trois formules principales coexistent, comme le détaille le cabinet SIA : le paiement fractionné en 3 ou 4 fois remboursé sous 90 jours, le paiement différé (à 15 ou 30 jours), et enfin le crédit à la consommation classique au-delà de cette période.
Si ce type de solution existe en France depuis une vingtaine d’années, son essor récent s’explique par sa simplicité redoutable : un formulaire en ligne, une validation instantanée, et aucune lourdeur administrative.
Contrairement à un crédit traditionnel, l'expérience utilisateur est fluide, immédiate, presque invisible
souligne Haruely Nojiri, directrice chez PayPal. Résultat ? Quatre Français sur dix ont déjà utilisé cette option pour financer une escapade. Et même les petits montants n’y échappent plus : réserver un billet de train ou une nuit dans un village-vacances peut désormais s’accompagner d’un règlement en plusieurs fois… parfois sans aucun frais.
🧳 Le tourisme, moteur inattendu de cette tendance
Le secteur du voyage devient un véritable laboratoire pour ces nouvelles pratiques de paiement. Selon Julien Cailleau, directeur général adjoint de Oney :
le paiement fractionné est devenu un allié du pouvoir d’achat, utilisé par toutes les classes sociales pour lisser leurs dépenses.
Chez Oney, filiale du groupe BPCE et d’Auchan, les frais sont souvent plafonnés à 60 € pour une dépense de plus de 2400 €, rendant cette solution encore plus attractive à mesure que le montant grimpe.
Le succès ne se dément pas : SNCF, Center Parcs, Pierre & Vacances, maeva.com, Belambra... Tous les grands noms s’y mettent, souvent via des partenariats avec Klarna, Alma ou Floa. SNCF Connect a observé que la solution attire notamment les groupes ou familles, et davantage en début ou fin de mois — moments souvent sensibles côté budget.
Florent Champigny, responsable e-commerce chez Center Parcs, constate :
L’usage du paiement fractionné est passé de 12 % à 17 % des transactions en seulement quelques mois
Chez maeva.com, on parle d’options cumulables avec des programmes de fidélité, comme une cagnotte de 10 % du montant dépensé.
💳 Une promesse de liberté... qui reste à maîtriser
Si l’argument du pouvoir d’achat est incontestable, le paiement fractionné soulève néanmoins quelques interrogations. Car derrière la souplesse, il y a parfois des frais : chez Oney, 2,5 % pour un paiement en 4 fois ; chez maeva.com, une formule payante permet même de régler après le départ.
Le paiement en plusieurs fois est devenu un levier aussi bien pour le consommateur que pour l’e-commerçant
reconnaît Haruely Nojiri.
Autre risque : la banalisation de ce type de solution peut inciter à consommer au-delà de ses moyens, en éclipsant la notion de budget initial. D’autant plus que, comme le rappelle Tarik Kibali, directeur chez Belambra, la formule “tout compris” des clubs constitue en soi un levier plus classique et prudent en matière de pouvoir d’achat.
Enfin, dans un monde où tout devient “fractionnable”, certaines voix appellent à ne pas négliger les bons vieux avantages traditionnels : cartes de fidélité, réductions anticipées, ou promotions de dernière minute.
👁️ L’œil de l’expert : un outil à manier avec discernement
Le paiement fractionné est en train de redéfinir la manière dont les Français préparent leurs vacances. En offrant de la flexibilité, il répond aux exigences d’une époque soucieuse de budget et avide d’instantanéité. Mais il transforme aussi l’acte de voyager en engagement financier prolongé, potentiellement risqué s’il est mal maîtrisé.
L’expert vous le dira : cette solution ne doit pas faire oublier qu’un voyage doit rester un plaisir maîtrisé — pas une charge qui s’étale des mois durant. Mieux vaut planifier, comparer, et surtout vérifier que la facilité d’aujourd’hui ne devienne pas le piège de demain.
À propos de l'auteur
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