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Augmentation du chômage : les nouvelles règles de calcul gonflent les chiffres

La publication des chiffres du chômage pour le premier trimestre 2025 révèle une hausse spectaculaire de 8,7 % du nombre d’inscrits en catégorie A (demandeurs d’emploi sans aucune activité), selon la Dares. Mais derrière cette augmentation apparente, une analyse plus fine montre que cette envolée est largement liée à des modifications administratives plutôt qu’à une véritable dégradation du marché du travail. Les effets conjoints de la réforme du Revenu de solidarité active (RSA) et de nouvelles modalités d’actualisation ont mécaniquement gonflé les statistiques, créant un décalage entre perception et réalité économique.

🦘 Un bond statistique amplifié par la réforme du RSA

Depuis l'entrée en vigueur de la loi "plein emploi" en janvier 2025, les bénéficiaires du RSA sont systématiquement inscrits sur les listes de France Travail. Cette disposition, qui vise à les intégrer dans un processus d'accompagnement renforcé via des "contrats d'engagement" prévoyant jusqu’à quinze heures d’activité hebdomadaires, modifie en profondeur les dynamiques d'inscription. En l'absence de signature immédiate du contrat, ces allocataires restent provisoirement en catégorie A, ce qui contribue à l'inflation des chiffres du chômage. Comme le souligne la Dares :

Le nombre d'inscrits augmente fortement, sans que cette hausse ne reflète la conjoncture du marché du travail

De plus, l’interdiction temporaire d’actualisation pour ces nouveaux profils empêche la sortie automatique des listes pour "défaut d’actualisation", un facteur qui, jusqu’alors, contribuait régulièrement à la baisse technique des chiffres mensuels. Résultat : non seulement les entrées augmentent, mais les sorties diminuent aussi.

🕶 Une réalité économique masquée par des ajustements réglementaires

Si l’on neutralise l’impact des nouvelles règles d’inscription et d’actualisation, la progression du chômage est beaucoup plus modérée. En catégorie A, elle ne serait que de 0,8 %, un chiffre bien plus représentatif de la réalité économique actuelle. Lorsque l’on inclut l’activité réduite (catégories B et C), la hausse globale atteint 4,5 %, mais elle redescend à 1,3 % une fois corrigée des effets réglementaires.

Selon la Dares, ces distorsions statistiques sont "fortement affectées par la mise en œuvre de la loi plein emploi et en particulier par l’inscription automatique sur les listes des bénéficiaires du RSA". Ainsi, une part importante des nouvelles inscriptions ne relève pas d’une dynamique économique dégradée, mais bien d’une évolution des processus administratifs.

👁 L'œil de l’expert : un indicateur déformé

La lecture brute des statistiques du chômage peut prêter à confusion si l’on ne prend pas en compte les facteurs réglementaires qui les influencent. Ce premier trimestre 2025 en est l’exemple parfait : une hausse en trompe-l’œil, révélatrice d’un changement de méthode plus que d’un retournement conjoncturel. Il est essentiel, dans ce contexte, que les indicateurs soient accompagnés d’analyses qualitatives rigoureuses pour éviter toute surinterprétation. Car au-delà des chiffres, c’est la compréhension fine des mécanismes sous-jacents qui permet d’évaluer la santé réelle du marché de l’emploi.

À propos de l'auteur

Spécialiste SEO et Data Analyst, Antoine Spaeter apporte à CréditNews son expertise en analyse de données et en acquisition de trafic. Avec plus de 15 années d'expérience en entrepreneuriat et en gestion de projets techniques, il s'est spécialisé dans l'interprétation des chiffres. Rigoureux et curieux, Antoine contribue également à la stratégie éditoriale de CréditNews, garantissant une approche précise et pédagogique des contenus proposés.