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Photo de la Banque Centrale Européenne, avec le symbole de la monnaie unique
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Budget : la France sort de la zone rouge... mais sous haute surveillance

Une trêve européenne pour la France, mais à quel prix ? C’est un répit bienvenu, mais loin d’être une victoire. Le 4 juin dernier, la Commission européenne a décidé de suspendre la procédure de déficit excessif qui visait la France, une mesure en vigueur depuis l’an passé. Si ce répit est salué comme une « bouffée d’oxygène » par Bercy, la situation reste extrêmement tendue sur le front budgétaire. Avec une dette publique qui approche les 113 % du PIB et un déficit projeté à 5,4 % pour 2025, l’économie française demeure sur un fil, sous la vigilance constante de Bruxelles.

« La France fait les efforts nécessaires pour justifier une suspension, mais elle reste exposée à des risques budgétaires notables », a déclaré Valdis Dombrovskis, commissaire européen à l’Économie, dans des propos relayés par Les Échos. Dans un contexte où plusieurs pays européens sont eux aussi sous pression, la France n’est pas la plus en difficulté, mais certainement pas tirée d’affaire non plus.

✂️💶 Des coupes budgétaires massives pour éviter la rechute 

Si Bruxelles a levé le pied sur la sanction, c’est avant tout grâce aux mesures d’austérité mises en œuvre par Paris, notamment durant l’exercice 2024. Le gouvernement a engagé environ 40 milliards d’euros d’économies, principalement via des coupes dans les dépenses publiques jugées non prioritaires. Cette politique de rigueur s’est opérée dans un climat économique mondial particulièrement instable : hausse des taux d’intérêt, conséquences économiques de la guerre en Ukraine, et incertitudes liées au ralentissement de la croissance.

Dans ce contexte, le ministre de l’Économie a affirmé que la France restait « sur la trajectoire » pour ramener le déficit à 4,6 % en 2026, avec en ligne de mire le respect du fameux seuil européen de 3 % d’ici 2029. Un objectif ambitieux, qui ne laisse que peu de marge de manœuvre, surtout sans recourir à la clause de défense budgétaire activée par 16 États membres, mais que la France a préféré ne pas utiliser, probablement pour éviter d'alourdir encore davantage sa dette.

🌍⚠️ L’Europe face à une instabilité budgétaire généralisée 

La France n’est pas un cas isolé. Plusieurs États membres ont eux aussi obtenu une suspension de la procédure de déficit excessif, parmi lesquels l’Italie, la Belgique, la Pologne ou encore la Hongrie. La Commission note une tendance à la stabilisation des déficits en Europe, mais alerte néanmoins sur des poches de grande vulnérabilité.

C’est notamment le cas de la Roumanie, dont le déficit a dépassé 9,3 % du PIB en 2024. Faute de mesures correctives, le pays risque désormais la suspension de ses financements européens, ce qui pourrait sérieusement compromettre ses perspectives économiques. Même l’Autriche est sous étroite surveillance : elle pourrait à son tour entrer en procédure si ses finances ne s’assainissent pas.

En comparaison, la position française apparaît moins dramatique, mais cette relative embellie ne doit pas faire oublier l’extrême fragilité de ses comptes publics. Pour l’Union européenne, l’heure est à la relance prudente, et la discipline budgétaire reste le socle de stabilité attendu des États membres.

👁️ L’œil de l’expert : pas une absolution

La suspension de la procédure européenne à l’encontre de la France est une respiration, pas une absolution. Elle salue des efforts concrets, mais temporaires, rendus nécessaires par une pression budgétaire historique. Si la France veut éviter un retour de bâton, elle devra impérativement maintenir sa discipline budgétaire tout en naviguant dans un contexte géopolitique incertain. Les arbitrages à venir seront cruciaux : soutenir la croissance sans creuser la dette, investir sans dériver, et surtout préserver la confiance des marchés comme celle de Bruxelles.

À propos de l'auteur

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français