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Photo d'une cigarette se consumant dans un cendrier, sur un comptoir de bar
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Cigarettes de contrebande : une évasion fiscale à 9 milliards d’euros menace la France

Alors que le gouvernement mise sur les hausses de prix pour décourager le tabagisme, le marché parallèle du tabac explose et prive l’État de milliards d’euros. En 2024, près de 40 % des cigarettes fumées en France ne provenaient pas du circuit légal. Décryptage d’un phénomène devenu économique autant que sanitaire.

📉 Une fiscalité dissuasive… qui alimente l’illégal

Selon une étude menée par KPMG pour le groupe Philip Morris, près de 19 milliards de cigarettes consommées en France en 2024 proviendraient de réseaux parallèles – contrefaçon, contrebande, achats hors réseau des buralistes. Cela représente une hausse de plus de 4 points en un an, alors même que la consommation globale de tabac reste stable.

👉 En ligne de mire : la politique fiscale française sur le tabac, régulièrement renforcée pour inciter à l’arrêt du tabagisme. Mais pour Daniel Bruquel, chef du service prévention du commerce illicite chez Philip Morris, la stratégie est contre-productive :

La pression fiscale, au lieu de convaincre le fumeur d’arrêter, le pousse à se tourner vers des moyens de contournement.

Cela passe par des achats transfrontaliers, légaux ou non, mais aussi par des circuits informels, allant des réseaux sociaux aux points de vente à la sauvette, en passant par certaines épiceries urbaines ou points de deal.

🔍 Le résultat : une offre illicite désormais présente partout sur le territoire, rendant l’accès aux cigarettes bon marché extrêmement simple, surtout pour les publics les plus vulnérables économiquement.

💸 Un gouffre fiscal de plusieurs milliards d’euros

La contrebande de tabac n’est pas qu’un problème de santé publique ou de sécurité. C’est aussi un manque à gagner colossal pour les finances de l’État.

💰 Sur un paquet de cigarettes vendu en France, plus de 80 % du prix correspond à des taxes. En 2024, les recettes fiscales liées au tabac ont représenté environ 13 milliards d’euros. Or, selon le rapport de KPMG, la montée en puissance du marché illégal a privé l’État de plus de 9 milliards d’euros.

Pour les autorités fiscales, c’est un dilemme cornélien : augmenter les taxes pour protéger la santé publique, au risque de doper le commerce illégal, ou revoir la stratégie au risque de nuancer un message de prévention. À court terme, cette dynamique fragilise aussi le réseau des 23 000 buralistes, pris entre la hausse des prix et la concurrence déloyale du marché noir.

👁️ L’œil de l’expert : la difficile équation

Ce que révèle cette explosion du marché parallèle, ce n’est pas seulement l’échec d’une politique fiscale à dissuader la consommation. C’est surtout la résilience d’un produit fortement addictif face aux contraintes économiques, et la réactivité des réseaux illégaux à capter la demande.

Sans coopération internationale accrue, contrôle renforcé aux frontières et politiques sociales d’accompagnement au sevrage, la lutte contre le tabac risque de glisser du terrain de la santé publique à celui de la sécurité et des pertes fiscales massives. Un terrain où, pour l’instant, l’État perd la main face aux trafiquants.

À propos de l'auteur

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français