Fréquentation Cinema 2025 : Avril signe une frequentation au plus bas depuis 26 ans
Avril 2025 restera comme un mois noir pour les exploitants de salles obscures. Le Centre national du cinéma (CNC) a révélé que seulement 11,79 millions de tickets ont été vendus en France, un niveau historiquement bas jamais vu depuis avril 1999. En cause ? Une combinaison de facteurs mêlant météo estivale, creux de programmation et évolution des habitudes des spectateurs. Mais derrière ces chiffres se cache une réalité plus complexe : le public est toujours là, mais attend des propositions fortes et ciblées. Décryptage d’une situation inédite.
🎟️ Fréquentation en baisse : Moins de blockbusters, plus d’attentisme
Avril n’est historiquement pas un mois porteur pour le cinéma. Ni assez proche de l’été pour accueillir les gros blockbusters, ni aligné avec les pics de fréquentation liés aux festivals, il agit souvent comme une zone tampon dans le calendrier cinématographique. En 2025, cette tendance s’est amplifiée.
Selon BoxofficePro, aucun film n’a franchi le seuil symbolique du million d’entrées en une semaine, un événement inédit depuis la pandémie. Ce constat révèle une faible densité de films porteurs, tant du côté des productions américaines que françaises.
Eric Marti, directeur général de Comscore, l’analyse ainsi sur BFMTV :
"Il manque un ou deux films capables de dépasser les trois ou quatre millions d’entrées. Même Les Tuche 5, pourtant numéro un, plafonne à 2,9 millions."
Parmi les rares exceptions, Minecraft (2,3 millions d’entrées), Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan (1,4 million) ou encore le film familial Un ours dans le Jura (1,4 million) ont limité les dégâts. Mais dans l’ensemble, l’offre n’a pas suffi à fédérer massivement.
La météo a également joué un rôle défavorable. Avec un mois d’avril particulièrement ensoleillé, les spectateurs ont préféré les terrasses et activités extérieures, d’autant plus que les vacances scolaires n’ont pas coïncidé avec de grandes sorties événementielles.
🎞️ Le cinéma d’auteur et les reprogrammations en embuscade
Malgré la morosité générale, certains genres ont su tirer leur épingle du jeu. En particulier, le cinéma d’auteur a profité du désengagement des mastodontes commerciaux pour gagner en visibilité.
Le thriller Zion a conquis les Antilles et la Guyane, atteignant plus de 340 000 entrées, tandis que le biopic Fanon a séduit 150 000 spectateurs. Le film chinois Black Dog, deuxième plus gros succès asiatique en France depuis deux décennies, a lui dépassé les 250 000 tickets.
Autre surprise : le succès inattendu de la ressortie de Star Wars : La Revanche des Sith pour son vingtième anniversaire. Projeté pendant seulement cinq jours, il a attiré 149 000 spectateurs, dépassant la performance de La Menace Fantôme en mai 2024.
Cette tendance confirme une réalité souvent sous-estimée :
🎯 Le public existe, mais il devient plus sélectif. Il se déplace lorsqu’il ressent un vrai événement, une originalité, ou une promesse de qualité.
Le CNC recense seulement neuf films millionnaires depuis le début de l’année, dont God Save the Tuche, Captain America 4, Blanche Neige, ou Paddington au Pérou. Ce chiffre bas pourrait cependant être rééquilibré dans les mois à venir, avec la sortie du dernier volet de la franchise Mission Impossible (The Final Reckoning), ou encore les versions live de Lilo & Stitch et de Dragon ainsi que Jurassic World.
👁️ L’œil de l’expert : avril, un creux cyclique ou symptôme plus profond ?
Cette chute historique doit être relativisée. Avril n’est pas structuré pour accueillir les grosses locomotives commerciales. Comme le rappelle Solène Bertrand du CNC :
"Il faut attendre la mi-mai pour voir déferler les blockbusters et les films portés par le Festival de Cannes."
Et les perspectives sont rassurantes. L’arrivée imminente de Mission Impossible: The Final Reckoning, des versions live de Dragon ou Lilo & Stitch, et le retour de Jurassic World avec Scarlett Johansson annoncent un redémarrage rapide.
Par ailleurs, Partir un jour (film d’ouverture à Cannes) et La Venue de l’avenir de Cédric Klapisch, très attendus, pourraient combler l’attente du public dès la seconde quinzaine de mai.
En somme, avril 2025 illustre un décalage entre l’offre cinématographique et les attentes du public. Le besoin d’événements fédérateurs, de récits originaux et de films porteurs d’émotion devient crucial. Si la salle reste un lieu d’expérience unique, elle doit aujourd’hui redoubler d’inventivité pour convaincre un spectateur plus exigeant, plus mobile… mais toujours passionné.
À propos de l'auteur
Spécialiste SEO et Data Analyst, Antoine Spaeter apporte à CréditNews son expertise en analyse de données et en acquisition de trafic. Avec plus de 15 années d'expérience en entrepreneuriat et en gestion de projets techniques, il s'est spécialisé dans l'interprétation des chiffres. Rigoureux et curieux, Antoine contribue également à la stratégie éditoriale de CréditNews, garantissant une approche précise et pédagogique des contenus proposés.