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Photo du fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, comparait devant le tribunal fédéral
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Meta sur la sellette : un procès historique menace l’empire numérique de Zuckerberg

Le géant du numérique Meta est confronté à l’un des procès antitrust les plus retentissants de la dernière décennie. Ce 14 avril, Mark Zuckerberg comparaît devant un tribunal fédéral à Washington pour défendre les acquisitions de WhatsApp et Instagram, respectivement en 2014 et 2012. L’accusation ? Une stratégie délibérée visant à étouffer la concurrence et à consolider un monopole numérique. Derrière cette confrontation judiciaire, la Federal Trade Commission (FTC) souhaite non seulement faire jurisprudence, mais aussi redessiner les contours du pouvoir dans l’économie numérique.

🟦 Un monopole construit par absorption ?

La FTC reproche à Meta une tactique simple et redoutable : croître en absorbant ses rivaux plutôt qu’en innovant. Cette méthode, Mark Zuckerberg lui-même l’a formulée sans ambiguïté dans un courriel interne de 2008 : « Il est préférable de racheter que de rivaliser ». Ces mots, aujourd’hui au cœur du procès, sont pour l’agence fédérale la preuve d’une politique systématique de neutralisation de la concurrence, illustrée par le rachat d’Instagram qu’il qualifiait, dès 2012, de moyen pour « neutraliser un compétiteur potentiel ».

Ces fusions ne seraient donc pas motivées par une stratégie de croissance ou d’amélioration des services, mais par la volonté de verrouiller le marché et d’empêcher l’émergence d’alternatives crédibles. En centralisant les données de milliards d’utilisateurs entre Facebook, Instagram et WhatsApp, Meta se dote d’un levier puissant pour consolider sa domination et réduire à néant la concurrence.

L’enjeu du procès dépasse largement la simple amende. La FTC plaide pour un démantèlement pur et simple : scinder Meta en plusieurs entités indépendantes, comme cela avait été imposé à AT&T en 1982. L’objectif ? Rétablir une véritable concurrence sur un marché aujourd’hui saturé par un acteur unique.

Face à cette offensive, Zuckerberg adopte une ligne de défense bien rodée : le succès de Meta serait le fruit de ses capacités d’innovation, non d’un abus de position dominante. Une rhétorique qui peine à convaincre, notamment face aux preuves documentaires réunies par la FTC au cours de cinq années d’enquête. Le procès, qui mobilisera de nombreux témoins durant plusieurs semaines, pourrait bien devenir un cas d’école. Une victoire de la FTC constituerait un tournant historique dans la régulation des géants de la tech, et ouvrirait la voie à d'autres actions similaires contre des entreprises aux pratiques comparables.

👁 L'œil de l'expert : quel avenir pour les géants du numérique ?

Ce procès est bien plus qu’un affrontement entre un régulateur et un géant technologique. Il s’agit d’un test grandeur nature de la capacité des institutions à contrôler des entreprises dont l’influence dépasse aujourd’hui celle de nombreux États. Si la justice ordonne la séparation de WhatsApp et Instagram du reste de Meta, ce sera un signal fort pour toute l’industrie : l’ère de l’impunité pourrait toucher à sa fin. Quoi qu’il en soit, le verdict attendu dans les mois à venir pourrait bien redéfinir les règles du jeu dans l’économie numérique mondiale.

À propos de l'auteur

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français