Guerre commerciale : Pékin riposte avec des surtaxes à 125 %, l’Europe en équilibriste
Les tensions douanières entre la Chine et les États-Unis atteignent un nouveau sommet: Pékin vient de répondre fermement aux sanctions commerciales de Washington. En réaction à la décision américaine de porter les droits de douane sur les produits chinois à 145 %, la Chine a élevé ses propres surtaxes à 125 % sur les importations américaines. Dans ce contexte explosif, l’Union européenne se retrouve dans une posture délicate : entre solidarité internationale, intérêts économiques et prudence stratégique.
🦾 L’Empire du Milieu ne plie pas face à la pression américaine
La décision de Pékin, annoncée par le Conseil des affaires d’État chinois, marque une accélération de la guerre commerciale. L’organe exécutif a dénoncé ce qu’il considère comme une violation flagrante des règles du commerce international, qualifiant la stratégie américaine de « pratique unilatérale d’intimidation et de coercition ». En réaction à cette offensive tarifaire, la Chine a porté ses surtaxes de 84 % à 125 % sur une large gamme de produits américains.
Cette réponse n’est pas que commerciale. Elle s’inscrit dans une stratégie diplomatique plus large. Lors d’une rencontre à Pékin avec le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, le président Xi Jinping a exhorté l’Union européenne à se joindre à la Chine pour « résister à la coercition unilatérale », affirmant que cette alliance permettrait de « préserver l’équité, les règles internationales et la justice ». Il a rappelé que la Chine et l’Europe partagent une responsabilité dans la défense du multilatéralisme et de l’ordre économique mondial.
Mais Pékin n’entend pas s’arrêter à l’Europe. Face à la perte de marchés américains, la Chine diversifie ses partenariats : un rapprochement a été entamé avec l’Australie et les voisins asiatiques. En parallèle, Pékin a entamé des discussions pour renforcer sa coopération avec l’UE, notamment sur des secteurs stratégiques comme l’automobile et les technologies vertes.
⁉️ L’Europe entre vigilance économique et calcul géopolitique
Dans ce contexte de tensions sino-américaines, l’Union européenne adopte une ligne de prudence stratégique. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a rappelé que si les Vingt-Sept souhaitent approfondir leur partenariat avec la Chine, cela ne se fera ni à n’importe quel prix, ni sans conditions claires. L’Union veut continuer à coopérer, mais en limitant les risques, notamment sur les sujets sensibles comme le dumping, les subventions déguisées ou les distorsions de concurrence.
Cette posture se reflète dans les actions récentes de Bruxelles : en octobre dernier, l’UE a relevé ses taxes douanières sur les véhicules électriques chinois, en réponse à des pratiques commerciales jugées déloyales. Pékin a aussitôt réagi avec des mesures antidumping ciblant certains produits européens, comme le cognac. La tension est palpable, mais les deux puissances cherchent à maintenir un dialogue constructif.
Du côté chinois, le Premier ministre Li Qiang a tenté de rassurer : il souhaite que les relations sino-européennes, qui fêtent leur 50e anniversaire cette année, restent « saines, fluides et fondées sur la confiance politique ». Il a également insisté sur la nécessité d’un dialogue permanent pour gérer les désaccords et renforcer la coopération dans les domaines stratégiques.
L’Europe est également consciente de son déséquilibre commercial structurel avec la Chine. Pedro Sánchez a souligné que l’Espagne, quatrième partenaire commercial chinois dans l’UE, importe pour 45 milliards d’euros de biens chinois, contre seulement 7,4 milliards d’euros d’exportations vers la Chine. Un déséquilibre que Bruxelles souhaite progressivement corriger par une politique industrielle et commerciale plus offensive.
👁 L'œil de l'expert : un nouvel équilibre mondial en construction
La montée en puissance des surtaxes douanières entre Pékin et Washington confirme que la guerre commerciale se transforme en guerre d’influence mondiale. Si la Chine répond coup pour coup, elle cherche également à construire un nouveau réseau d’alliances économiques, en se tournant vers l’Europe et ses voisins asiatiques. Pour sa part, l’Union européenne doit jouer les équilibristes : préserver ses intérêts économiques tout en défendant les règles du commerce international.
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