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Photo d'un formulaire informatique de déclaration de revenus en France
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Impôts : la France, championne mondiale… au détriment des classes moyennes

Derrière le record, une fracture fiscale : avec 43,8 % de son PIB consacré aux prélèvements obligatoires, la France conserve son statut de nation la plus taxée parmi les pays développés. Pourtant, derrière cette médaille fiscale se cache un profond déséquilibre : alors que les entreprises bénéficient d’un allègement progressif de leur charge, ce sont surtout les ménages, et particulièrement les classes moyennes, qui absorbent l’effort. Une situation qui interroge la soutenabilité sociale d’un modèle où la fiscalité ne cesse de monter en volume, sans toujours garantir l’équité. 🧾

📈 Moins d’impôts pour les entreprises, plus de pression sur les ménages

Entre 2017 et 2023, la France a entrepris un vaste rééquilibrage de son architecture fiscale. L’impôt sur les sociétés a été progressivement abaissé de 33,3 % à 25 %, une décision politique assumée pour renforcer la compétitivité et attirer les investissements. Parallèlement, la taxe d’habitation, impôt symbolique mais jugé injuste, a été quasi intégralement supprimée pour les ménages.

Mais cette décrue fiscale affichée masque une réalité plus complexe. Sur la même période, les recettes fiscales globales ont bondi de 200 milliards d’euros, atteignant 1 200 milliards en 2023, selon des chiffres relayés par Le Journal du Dimanche. En d’autres termes, la charge n’a pas diminué, elle s’est simplement déplacée.

🔍 La TVA, qui pèse de façon uniforme sur les consommateurs, représente désormais 38 % des recettes fiscales. Un impôt indirect qui touche tous les foyers, quel que soit leur revenu, et pèse donc proportionnellement plus sur les ménages modestes.

L’impôt sur le revenu a bondi de 30 % en six ans, soit environ 1 500 euros supplémentaires par foyer imposable

rappelle Le JDD. Un effort massif, porté majoritairement par les classes moyennes, puisque seulement 44,7 % des foyers s’en acquittent.

⚖️ Une fiscalité déséquilibrée qui creuse le fossé social

Dans un contexte de croissance atone et d’inflation persistante, cette pression accrue sur les ménages provoque un malaise fiscal croissant. Certes, le pouvoir d’achat a progressé en moyenne de 5,3 % depuis 2017, mais cette hausse profite essentiellement aux nouveaux actifs, et est largement absorbée par la flambée des prix, la crise du logement ou la hausse des dépenses contraintes (santé, énergie, mobilité...).

Pendant ce temps, les plus aisés ont bénéficié de réformes favorables : suppression de l’ISF (Impôt de Solidarité sur la Fortune), mise en place du prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital… autant de mesures qui allègent la contribution fiscale des hauts revenus.

Cette redistribution implicite alimente un sentiment d’injustice fiscale. Le consentement à l’impôt, socle du contrat social, semble fragilisé. Le système actuel repose de plus en plus sur un transfert silencieux de la charge fiscale vers la majorité silencieuse – les salariés, les indépendants, les retraités des classes moyennes.

La France reste en tête des pays les plus imposés de l’OCDE, non plus en raison d’un système uniforme, mais à cause d’un glissement des charges entre catégories sociales

souligne l’analyse du JDD. Avec une dépense publique toujours élevée, et sans réduction notable des besoins de financement, le système montre ses limites. Les tensions sociales en sont le reflet : grèves, mouvements citoyens, fronde fiscale… Le modèle français est à la croisée des chemins.

👁️ L’œil de l’expert : réinvention nécessaire de la fiscalité française

La France ne peut durablement tenir ce cap sans risquer une rupture sociale. La compétitivité des entreprises est un objectif légitime, mais elle ne peut reposer uniquement sur un transfert de charge vers les ménages. Il est temps de repenser l’équilibre fiscal, en intégrant davantage de progressivité, de transparence et d’efficacité dans la redistribution.

À l’heure où le modèle social français est sous tension, la justice fiscale n’est plus un luxe idéologique, mais une nécessité démocratique. 🇫🇷⚖️

À propos de l'auteur

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français