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Photo de Vladimir Poutine, président de la Russie et chef  suprême des armées
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L’économie russe sous pression : quand le budget militaire dépasse les recettes énergétiques

Alors que s’ouvre le Forum économique international de Saint-Pétersbourg, la Russie tente de projeter l’image d’une puissance résiliente face aux sanctions occidentales. Mais derrière les discours de façade, les signaux de fragilité économique se multiplient, soulignant les limites d’un modèle centré sur l’effort de guerre. 

💰 Un modèle de croissance dopé aux canons… qui s’essouffle

Après avoir affiché une croissance de 4,1 % en 2024, tirée en grande partie par l’industrie de défense, l’économie russe entame un net ralentissement. Selon les données officielles, le PIB a reculé de 0,5 % au premier trimestre 2025, marquant un tournant après deux années de surchauffe artificielle.

Ce dynamisme apparent était surtout dû à l’expansion massive du secteur militaire, comme le souligne l’économiste russe exilé Vladislav Inozemtsev :

Sur les trois dernières années, entre 30 et 50 % de la croissance provient directement de l’industrie de défense. Pour que ce rythme se poursuive, il faudrait encore augmenter drastiquement les dépenses militaires — ce qui semble désormais irréalisable.

La limite de ce modèle militaro-industriel devient criante : le budget militaire prévu pour 2025 dépasse désormais le total cumulé des recettes issues du pétrole et du gaz, deux piliers traditionnels de l’économie russe. Une inversion symbolique et structurelle qui expose la fragilité du financement de l’État russe, surtout dans un contexte d’érosion progressive des revenus énergétiques, affectés par les sanctions et le plafonnement des prix du brut russe sur les marchés internationaux.

📊 Une politique monétaire sous tension, des secteurs civils à l’arrêt

Pour tenter de contenir une inflation persistante, la Banque centrale russe maintient des taux directeurs avoisinant les 20 %, un niveau étouffant pour l’investissement privé. Ce choix monétaire, destiné à stabiliser le rouble et éviter l’emballement des prix, se fait au détriment des entreprises hors secteur militaire, déjà confrontées à des difficultés de financement et de recrutement.

Avec un marché du travail déséquilibré par la mobilisation partielle, une fuite des cerveaux vers l’étranger, et des restrictions d’importations qui freinent les chaînes de production, les secteurs civils sont en état de sous-performance chronique. Les investissements productifs, notamment dans les infrastructures, l’innovation ou l’agriculture, stagnent, alimentant le risque d’un ralentissement durable.

Même si le Kremlin dispose encore de marges de manœuvre financières, il devient de plus en plus clair que la croissance par la guerre n’est ni pérenne ni soutenable à long terme. "Le gouvernement lui-même admet désormais un refroidissement économique après une période de surchauffe", note un observateur du ministère de l’Économie. Un changement de ton inédit, qui contraste avec les messages triomphants des années précédentes.

👁️ L’œil de l’expert: après l'effort… l'effort

La Russie entre dans une phase de transition périlleuse, coincée entre la poursuite de ses ambitions militaires et la détérioration de ses fondamentaux économiques. Le découplage entre les recettes énergétiques et les dépenses militaires crée une tension budgétaire inédite, tandis que l’économie civile s’épuise sous le poids des taux élevés et du désengagement étatique.

À court terme, le Kremlin peut continuer à financer son effort de guerre, mais à moyen terme, les déséquilibres internes risquent d’affaiblir durablement la stabilité économique du pays. Ce Forum de Saint-Pétersbourg, censé incarner la résilience, pourrait bien marquer le début d’une ère de vulnérabilité structurelle pour la Russie. 🧨📉

À propos de l'auteur

Responsable du développement commercial au sein du Groupe Win'Up, Vanessa accompagne des entrepreneurs dans leur projet de création et participe au développement de la notoriété des enseignes du groupe. Sensible aux sujets économiques et financiers, Vanessa partage son avis sur les actualités.