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Photo du prototype électrique low-cost de Jeff Bezos:  le Slate, pick-up
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Slate contre Cybertruck : la revanche low cost de Jeff Bezos face à Elon Musk

Alors que la course à l’innovation automobile électrique semblait dominée par des véhicules premium à la technologie surabondante, une initiative inattendue vient rebattre les cartes. Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, entre dans la bataille en pariant sur l’essentiel plutôt que sur le spectaculaire. À travers Slate Auto, une start-up discrète mais ambitieuse, il propose un pick-up 100 % électrique ultra-épuré, vendu à moins de 20 000 dollars. Un positionnement radicalement opposé à celui du Cybertruck d’Elon Musk, qui mise sur la démesure, le design disruptif et les performances extrêmes.

Mais cette guerre silencieuse entre géants de la tech est plus qu’un affrontement d’ego : elle reflète deux visions irréconciliables du futur de l’automobile électrique. Accessibilité ou sophistication ? Massification ou innovation élitiste ?

🛻 L’audace frugale de Slate Auto : un manifeste électrique à contre-courant

Fondée avec le soutien de Jeff Bezos, Slate Auto fait le pari du minimalisme radical pour conquérir le marché. Objectif : proposer un véhicule électrique fiable, fonctionnel et financièrement accessible au plus grand nombre. Le prix plancher, fixé à 19 990 dollars, est rendu possible par une stratégie d’optimisation extrême des coûts.

Pour y parvenir, Slate s'appuie sur le crédit d’impôt fédéral de 7 500 dollars, toujours en vigueur, pour rester sous la barre symbolique des 20 000 dollars. Même sans cette aide, le tarif plafonnerait à 25 000 dollars, une performance remarquable dans l'univers de l’électrique.

L’approche technique est tout aussi épurée : aucune option, aucune complexité superflue. Le pick-up abandonne aluminium et tôlerie au profit de panneaux en plastique non peints, jantes en acier et habitacle spartiate — sans écran, ni radio, ni vitres électriques. Les kits de personnalisation seront livrés au client, à monter soi-même. Une rupture assumée avec le tout-équipement.

⏱ Performances mesurées, ambitions industrielles, absence d’Europe au programme

Côté motorisation, la sobriété est aussi la règle. Un seul moteur de 204 chevaux propulse le véhicule, associé à deux packs de batteries : 52,7 kWh ou 83,3 kWh. Selon le cycle EPA, plus strict que le WLTP, cela se traduit par une autonomie respective de 242 à 386 km, soit environ 283 à 451 km en équivalence européenne. La recharge rapide est limitée à 120 kW, permettant de récupérer 60 % d’autonomie en 30 minutes. Juste ce qu’il faut, sans superflu.

Les premières livraisons sont prévues pour fin 2026, avec une ambition de 150 000 unités produites annuellement à Indianapolis. Pour l’heure, aucune commercialisation en Europe n’est prévue, un choix cohérent compte tenu du format pick-up et SUV, moins prisé sur le vieux continent.

Cette frugalité assumée contraste avec l’approche d’Elon Musk, dont le Cybertruck, à la fois audacieux et polarisant, incarne une vision haut de gamme, design et technologique de l’électrique. Mais comme le souligne l’analyste automobile Philippe Lagrange:

Slate ne cherche pas à impressionner, mais à convaincre par la logique économique. C’est une stratégie de rupture par le bas, qui pourrait redéfinir l’entrée de gamme électrique.

👁 L'œil de l'expert : une disruption inversée, aux antipodes de Tesla

L’arrivée de Slate Auto dans l’univers électrique symbolise une disruption inversée : au lieu de monter en gamme, l’entreprise descend volontairement d’un cran pour élargir le marché. En réduisant les coûts plutôt qu’en ajoutant des fonctionnalités, Slate propose une alternative viable, pragmatique et scalable dans un contexte d’inflation et de pression sur le pouvoir d’achat.

L’enjeu est clair : offrir une mobilité électrique de masse, sans artifice mais avec rigueur. Si Tesla a conquis le sommet, Slate vise la base. Reste à voir si cette stratégie résistera à l’épreuve du réel. Mais dans un marché saturé de promesses technologiques, l’approche de Jeff Bezos a le mérite de revenir à l’essentiel : rouler propre, à moindre coût.

À propos de l'auteur

Spécialiste SEO et Data Analyst, Antoine Spaeter apporte à CréditNews son expertise en analyse de données et en acquisition de trafic. Avec plus de 15 années d'expérience en entrepreneuriat et en gestion de projets techniques, il s'est spécialisé dans l'interprétation des chiffres. Rigoureux et curieux, Antoine contribue également à la stratégie éditoriale de CréditNews, garantissant une approche précise et pédagogique des contenus proposés.